mercredi 26 mars 2014

Bricolage atypique

C'est un pieu
Qui me vient d'emblée
A l'esprit
Dans les yeux,
Du fond des yeux.
J'ai toujours frissonné
A l'idée
D'avoir une poutre
Aux yeux.
Je n'utilise jamais cette expression
Parce qu'elle transperce
Effondre
Mes barrières
Fragiles.
Je perds toutes mes virginités
Je redeviens un vieux croûton
Trainé au caniveau.
La poutre, le pieu
me pénètrent
Et explosent tous les fronts
Bâtis en invisible.
C'est un jouet
Impalpable,
Que seule je perçois.
Je ploie sous sa douleur
Sous son poids
Pour entendre
Que je me casserai le dos !
A continuer comme ça.

Après,
Je me dis,
Que non,
Le pieu ne convient pas.
Il ne peut pas se tordre
Comme celui qui
Surgit
Imaginaire.
Je vois un pieu
Qui ne se contente pas
D'assassiner ma face.
Il retourne sur lui-même
Et replonge dans le cœur,
En traître
Par le dos.
Il n'y va pas de main morte,
La chair n'est pas tendre
Les os tiennent le corps
A cette place-là.
Il plonge
Comme du haut des 10 mètres
Des compétiteurs.
Il doit effracter droit
Sans une éclaboussure.
Car autant il passe les murailles,
Autant ses conséquences
Giclent
Salement
Et tout le monde se récrie.
S'il veut poursuivre sa courbe,
Il doit rester discret.
Il perd de sa pieuserie.
Voilà que c'est plutôt,
Une grosse énorme
Vis
En escalier
Colimaçon,
Parfaitement démesurée.
Mais elle sait y faire
Avec les torsades
Au sein des plus coriaces.

Troisième dernière étape,
Apothéose
Une vis accomplie.
La queue va juste venir
S'enclencher
Dans le cul de la pupille.
Et la tête ?
Où donc va finir sa pirouette ?
Elle se délectera
De sacrifier
Le trou secret
D'où aurait pu
Pousser
La vie.
Elle remplit
Le vagin,
Jusqu'à butée
Et stoppe.
Repose et s'endort.

La démarche est
Lourde,
Tendue
Traversante
Renversée
Repliée
Repoussante.
Et au bout d'un moment,
On ne sent plus la vis.
C'est arrivé si tôt.
Comme les gens ont des
Broches.
Où donc la différence ?

Et là,
On ne sait pas comment,
Un jour un peu plus
Clairvoyant,
J'ai aperçu
L'enclume.
À la place du sternum,
Une imposante enclume,
Sans Merlin l'Enchanteur
Et chevalier charmant.
L'enclume face à moi-même.
Personne d'autre.
Face à moi-même,
C'est idiot.
Plantée en moi,
Au beau milieu du torse,
Là où tout passe
Et revient.
Vous me direz, celle-là,
Ils n'ont pas pu la manquer.
Tu mets des grands pulls noirs,
Tu marches en creux
Tu te sens grosse
Et le tour est joué.
Pas pour les plus malins.
Mais il faut avoir le temps.
Ce n'est facile pour personne.

Vissée, viciée, WC
(Le seul en majuscule, quelle ironie !)
Franchement,
Du pareil au même.
J'ai croisé dans la rue,
Le métro
Des infirmes
Atrophiés
Par la vie
Et son inadvertance.
Je me suis sentie
De leur monde.
Plus de bras, plus de jambes,
Glisse par terre,
Méthode limace.
Celui qui m'aurait fait
Reculer
Et l'observer,
Quai de Châtelet les Halles,
Était exactement tordu
Du haut du crâne
A sous les fesses
Comme ma visse et moi
Et notre enclume
Fixante.
Je n'ai rien dit,
Je n'ai pas parlé
Je n'ai pas voulu être indécente
avec ma souffrance de bourgeoise
Choyée.
J'ai pourtant bel et bien reconnu
Quelque chose
Quelque être
De ma personne.
Je suis libre de l'enclume.
Je dévisse bout par bout.
Elle est de ces outils
A sens unique.
Il faut la découper
Spirale par spirale.
Parfois certaines
Se détachent
A plusieurs.
Du bricolage en perspective.

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