mercredi 8 février 2017

Anti-purée


Pour le moment, revenons à nos moutons et Patate prend alors le parti ? La décision ? Non pas vraiment, tout cela vient tout seul, de, chaque soir, quand elle est seule et chacun lui fait confiance car Patate est sans danger, de partir découvrir où quand comment vivent chacune de ses paires. Elle ne fera pas de conneries, on le sait. Ce ne sont pas vraiment des conneries mais est-ce judicieux ? Est-ce prudent, dirait un parent ? Est-ce qu'on attend d'elle ? Certainement pas ce qu'on attend d'elle bien entendu. Mais pour une fois, elle agit tout de même. Elle agit tout court d'ailleurs et elle fait ce qui lui plaît. Elle, la sage petite Patate, un peu coucouille, part à l'aventure. Elle veut comprendre. Elle étouffe dans son monde qu'elle connaît comme sa poche, qui ne l'aide pas à devenir une anti-purée. Elle reste puréable à merci (bien sûr que cela se dit ! Ce que les lecteurs peuvent être normatifs parfois... Vous n'avez jamais été Patate ni une de la famille alors vous ne pouvez pas savoir. Laissez dire ceux qui savent, ceux qui se sont renseignés et qui ont fait témoigner. Un peu de confiance dans ce monde brutes !) , et chaque jour, finalement, elle s'y retrouve. Alors elle part pour trouver la solution anti-purée. Il y en a qui lutte sont anti-mines, anti-douleur, anti-taches. Ca revient au même ! Soyons intelligents. Sauf qu'être purée chaque jour qui passe, sans tomber dans le misérabilisme et pleurer sur Cosette et ses malheurs, c'est une vraie plaie. Au sens propre. Une plaie tout le long du corps qui se rouvre à un moment, plus ou moins tôt mais à un moment, comme s'il le fallait, comme si d'ailleurs c'était plus sûr, comme ça, on n'a pas à tenir ferme les sutures faiblardes faites par des médecins indifférents, purs techniciens. Patate est un cas à part, c'est ce qu'elle pense, c'est ce qu'elle sait. Pas un cas à part, une star qui brille, wouhou sur les podiums. Un cas à part. Et qui fait mal. Bref. Un soir où elle a été purée tout le jour et qu'elle n'en peut plus, disons les choses comme elles sont. Elle rentre chez elle. Elle tourne en rond. Elle a fini ses devoirs. Elle voudrait trouver quelque chose pour s'occuper l'esprit mais ce jour-là, impossible d'oublier. Elle ne peut pas faire semblant. La championne en la matière. Même seule avec soi-même, il faut faire semblant. N'allez pas me dire le contraire. Bien sûr qu'il faut se faire croire à soi-même de belles choses pour supporter les trucs du genre purée et mines anti-personnelles. Bien sûr ! Ce soir-là, elle est coincée, elle se rend purée elle-même et ça, c'est la fin des haricots. Elle sent qu'elle doit agir. Patate, je l'ai déjà dit, n'agit pas. Elle attend et elle pense. Mais là, il faut agir. Elle remet son manteau qu'elle n'a pas rangé. Qu'elle n'a pas rangé... Peut-être qu'elle savait déjà au fond... Elle rechausse ses baskets chéries. Elle sort et referme soigneusement derrière elle. Elle n'emmène pas Croquette le chien tout doux, le gros chien nounours qui l'enveloppe quand elle pleure. Elle ne doit pas se faire repérer. Elle n'a pas sorti le costume commando mais elle fait quand même attention. Elle est tout en noir. Il fait nuit de toute façon. Elle n'a pas peur de la nuit. Au contraire, on la voit moins, on vise moins bien, elle est moins susceptible de se puréifier. Elle sort et respire avec bonheur l'air froid qui pique le poumons. Où va-t-elle ? Par où commence-t-elle ? Elle ira chez Piment. Loin de chez elle. 45 minutes à pied. Elle s'en fiche. Elle veut voir, elle veut entendre et comprendre.

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