Pour
le moment, revenons à nos moutons et Patate prend alors le parti ?
La décision ? Non pas vraiment, tout cela vient tout seul, de,
chaque soir, quand elle est seule et chacun lui fait confiance car
Patate est sans danger, de partir découvrir où quand comment vivent
chacune de ses paires. Elle ne fera pas de conneries, on le sait. Ce
ne sont pas vraiment des conneries mais est-ce judicieux ?
Est-ce prudent, dirait un parent ? Est-ce qu'on attend d'elle ?
Certainement pas ce qu'on attend d'elle bien entendu. Mais pour une
fois, elle agit tout de même. Elle agit tout court d'ailleurs et
elle fait ce qui lui plaît. Elle, la sage petite Patate, un peu
coucouille, part à l'aventure. Elle veut comprendre. Elle étouffe
dans son monde qu'elle connaît comme sa poche, qui ne l'aide pas à
devenir une anti-purée. Elle reste puréable à merci (bien sûr que
cela se dit ! Ce que les lecteurs peuvent être normatifs
parfois... Vous n'avez jamais été Patate ni une de la famille alors
vous ne pouvez pas savoir. Laissez dire ceux qui savent, ceux qui se
sont renseignés et qui ont fait témoigner. Un peu de confiance dans
ce monde brutes !) , et chaque jour, finalement, elle s'y
retrouve. Alors elle part pour trouver la solution anti-purée. Il y
en a qui lutte sont anti-mines, anti-douleur, anti-taches. Ca revient
au même ! Soyons intelligents. Sauf qu'être purée chaque jour
qui passe, sans tomber dans le misérabilisme et pleurer sur Cosette
et ses malheurs, c'est une vraie plaie. Au sens propre. Une plaie
tout le long du corps qui se rouvre à un moment, plus ou moins tôt
mais à un moment, comme s'il le fallait, comme si d'ailleurs c'était
plus sûr, comme ça, on n'a pas à tenir ferme les sutures
faiblardes faites par des médecins indifférents, purs techniciens.
Patate est un cas à part, c'est ce qu'elle pense, c'est ce qu'elle
sait. Pas un cas à part, une star qui brille, wouhou sur les
podiums. Un cas à part. Et qui fait mal. Bref. Un soir où elle a
été purée tout le jour et qu'elle n'en peut plus, disons les
choses comme elles sont. Elle rentre chez elle. Elle tourne en rond.
Elle a fini ses devoirs. Elle voudrait trouver quelque chose pour
s'occuper l'esprit mais ce jour-là, impossible d'oublier. Elle ne
peut pas faire semblant. La championne en la matière. Même seule
avec soi-même, il faut faire semblant. N'allez pas me dire le
contraire. Bien sûr qu'il faut se faire croire à soi-même de
belles choses pour supporter les trucs du genre purée et mines
anti-personnelles. Bien sûr ! Ce soir-là, elle est coincée,
elle se rend purée elle-même et ça, c'est la fin des haricots.
Elle sent qu'elle doit agir. Patate, je l'ai déjà dit, n'agit pas.
Elle attend et elle pense. Mais là, il faut agir. Elle remet son
manteau qu'elle n'a pas rangé. Qu'elle n'a pas rangé... Peut-être
qu'elle savait déjà au fond... Elle rechausse ses baskets chéries.
Elle sort et referme soigneusement derrière elle. Elle n'emmène pas
Croquette le chien tout doux, le gros chien nounours qui l'enveloppe
quand elle pleure. Elle ne doit pas se faire repérer. Elle n'a pas
sorti le costume commando mais elle fait quand même attention. Elle
est tout en noir. Il fait nuit de toute façon. Elle n'a pas peur de
la nuit. Au contraire, on la voit moins, on vise moins bien, elle est
moins susceptible de se puréifier. Elle sort et respire avec bonheur
l'air froid qui pique le poumons. Où va-t-elle ? Par où
commence-t-elle ? Elle ira chez Piment. Loin de chez elle. 45
minutes à pied. Elle s'en fiche. Elle veut voir, elle veut entendre
et comprendre.
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