mardi 7 février 2017

Trop loin des yeux, trop près du coeur

Il manque dès qu'elle ne le voit plus,
dès qu'il est hors de portée,
pas au haut de l'escalier
tout de même,
pas de d'hystérie concon,
mais dès qu'il est parti.
Dès qu'elle est partie
aussi.
Elle sent que tout est plus dangereux
moins calme
et plus dur.
Elle a peur,
elle garde en ligne de mire le soir
et le retour
de l'un,
de l'autre.
Elle aime être seule.
Lui aussi.
Ils ne sont pas sangsues.
Pourtant,
elle ressent cette atroce douleur
du manque,
de la séparation,
quand elle part,
ou lui.
Elle ne le sent pas tout de suite.
Elle croit d'abord que
ouais salut je t'aime
et c'est parti.
Mais non.
Elle s'agite
un peu
beaucoup
à la folie
pour finalement comprendre
que c'est lui qu'elle veut juste à côté.
Elle sent un énorme trou dans sa poitrine.
Le corps parle.
Le corps se rebelle.
Le corps se raidit.
La poitrine est vidée et la respiration minimaliste
et enfantine.
Le ventre grouille et se remplit
tout seul.
Les proportions ne sont plus respectées.
Et elle pourrait perdre forme.
Le trou dans la poitrine
est aussi lourd qu'un rocher,
qui ne pique pas,
il est juste à sa taille.
Mais qui s'appuie sans conscience
en bonne pierre qu'il est.
Elle voudrait l'emmener,
lui,
dans sa poche,
jouer Merlin l'Enchanteur,
et rapetisser le bonhomme pour qu'il soit toujours là.
Qu'elle n'ait plus toujours besoin
d'être plus parfaite,
d'être mieux,
de faire mieux et plus,
toujours plus,
parce qu'elle se déteste de ne pas parvenir à davantage.

Mais peut-être que ce n'est pas que ça...
Peut-être qu'il y a autre chose.
Un autre gouffre derrière celui-là.
Peut-être qu'elle se souvient de cela
très fort
et qu'elle ne veut pas en parler.
Peut-être qu'elle se rappelle
si elle est courageuse,
si elle a les couilles un matin,
de sa mère qui s'en va
et ne se retourne pas.
Qui ne revient pas la chercher.
Ou beaucoup trop tard.
Qu'elle voudrait ne voir partir que
tout doucement.
Mais bien sûr,
elle se souvient de cette atroce douleur
d'enfant
qui laisse partir sa mère
impuissant et docile
aussi lucide,
parce que sinon
c'est encore plus long et pire
pour tout le monde.
Passer à autre chose
ou du moins y croire.
Elle se souvient de cette main qui glisse dans la sienne
et lâche l'étreinte.
Sans cruauté,
juste parce que c'est comme ça
mais qu'elle sent alors
qu'elle va devoir se battre
encore toute une journée
sans elle,
la peur au ventre,
les boyaux tordus,
la poitrine infirme.
Elle donnera le change,
elle rira même.
Parce qu'elle oubliera
par moments.
Pas le corps,
qui la fera souffrir
souvent jusqu'au soir,
même quand elle sera soulagée de voir la
délivrance arriver.
Lui, elle l'aime tellement
qu'elle se rappelle cette béance
folle.

Jour après jour.
Elle verra bien demain.

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