mercredi 1 février 2017

Ne pas être des siens

Patate avait toujours eu peur des autres, peur de leur force, peur de leur assurance, peur de leurs rires.
Elle regardait partout autour d'elle.
Aurait voulu être une chouette.
Une mouche.
Un lynx.
Le monde a des yeux et des fusils
à tous les coins.
Le monde,
pas la terre Ducon !
le monde !
La foule !
La troupe !
Le clan !
Le gang !
de ses congénères.
Une congénère,
gènes communs,
gènes de cons,
paraît-il gènes de conscience,
pas souvent,
ou c'est pire alors,
et gènes de victimes, où sont-ils ?
Elle se tordait d'angoisses
lèvres scellées.
Gènes plus cons que communs,
moins bons que putains.
Prêts à tous,
vendre son pair
sa pair.
La peur de ne plus être rien,
pas même un chien,
moins digne qu'un pigeon,
plus bête que tous les pieds.
Elle ferme les yeux
et les voit sourire
les yeux flambants de moquerie.
Pas la peine de rire aux éclats.
Envie de les détester
mais non,
elle leur lécherait les pieds.
Finalement qui se vend ?
On ne sait plus.
Ils peuvent l'entourer
en cercles
concentriques
une danse du feu
mais elle n'est pas le totem.
Dommage...
L'enlacer et sortir leurs langues sifflantes,
la planter en elle,
chacun,
la violer en dansant
à coup de langue-harpon.
Elle est à leur merci,
ouverte à tous les vents.
Elle ne désintègre pourtant jamais.
Le monde se détourne
finalement.
Monstrueusement prosaïque,
elle rentre chez elle
au soir.

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