mercredi 15 février 2017

Les frères

Enfant unique gâté.
Ou pas.
De ne pas vivre
la fraternité.
Pas celle de la devise.
Pas celle qu'on choisit.
Pas ces frères et sœurs qu'on se construit.
Celle du sang
et qui laisse bée,
toujours ;
imposée,
contrainte,
ombilicale,
pourtant parfois
presque parfaite.
Pas de naïveté,
dites pas ça ou je vous casse la gueule !
Pas d'idéalisme,
on se connaît un peu maintenant,
c'est plutôt dark
dans mes grottes.
Un constat.
La vie parfois bien faite,
quand même.

Il y a le frère qui ne parle pas
mais qui fait resurgir le fin fond
des tripes.
Il ne dit rien,
il a les yeux noirs et profonds,
il regarde peu,
mais sa présence est celle du début du monde.
On a envie qu'il parle,
allez !
Et puis en fait,
est-ce la peine ?
Une éternelle blague
de 30 ans,
un sourire clin d’œil
et les deux enfants
se retrouvent.
C'est idiot.
C'est incompréhensible.
On a des rides
et des impôts.
Plus rien à voir.
Mais ce lien-là s'en tamponne.
C'est le lien qui survit.
La survie elle-même.
Le frère
qui ne parle pas et à qui on doit tant.

Il y a le frère qui parle
et qui parle la même langue.
Exactement la même,
comme absolument personne d'autre.
On pourrait presque s'échanger
nos paroles
parfois.
Il m'ôte les mots de la bouche.
Mais sans y mettre les doigts hein !
Sans les mains le mec !
Balèse...
Je crois qu'il peut aussi le faire pour le vélo.
Le frère qui rappelle
combien deux êtres
apparemment si dissemblables,
apparemment,
s'apparentent.
Personne n'y voit un frère et une sœur.
Tout le monde se laisse berner
par les couleurs opposées
et les traits divergents.
Au fond,
il y a deux noyaux qui s'entendent
par de longs regards
pleins de passé
et d'amour.

Les deux frères ont sauvé.
Chacun à leur manière,
chacun à leur moment.
Ils ont fait le relais,
bien bien organisés.
Ils ont sauvé
des gouffres
et des canyons.
Ils ont sauvé la vie.
Ils ont évité de tout détester
et d'avoir peur du monde.
Avec ou sans les mots,
les yeux noirs d'ébène ou verts émeraude.




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