Gonflée de ma pâle morbidité, obèse d’insectes moroses,
Enceinte du grand Mal de ce monde, atterrée et soumise,
Grosse de Dieu le Père, vierge a jamais souillée,
Bavant d’hébétude et d’un maigre courage.
La guerre est déclarée.
L’armure se fissure, le miroir se brise,
Le verre finit d’être poli, le ventre a implosé.
Les marbrures violacées s’assombrissent,
Le doucereux vin sacré s’épanche royalement.
La guerre et clopinant, ses mutilés.
La nuit a déclaré forfait, la révérence de Chronos,
Le crépuscule sanguinolent victorieux,
Vampire bâtard, charognard mesquin, faux, indomptable,
Le ciel sauveur a disparu.
La guerre et le monde à ses pieds.
Le corps défoncé, débilité, décérébré,
Les membres se sont déroulés, à plat, évidés,
Le ventre despote se prélasse, encore suintant, collant
Le tronc survivant est une fontaine tranquille.
La guerre a ravagé.
L’univers est une boue sans horizon, éviscéré, usagé.
Allons racheter un monde ! allons en bataillons rangés !
Sept bras onze jambes au garde à vous,
S’enlisent et disparaissent, bourbier indéfini.
Il n’y a plus de guerre.
Un frisson glacé et vivifiant, je ferme les yeux,
Le noyau brûle, le gong humain sonne et résonne,
La peau vibre et caresse jusqu’à la terre solide et tendre
La flexion des genoux, les bras bien étirés ; arrimée.
La vie peut commencer.
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