Au tout commencement,
les auspices d'Arès
veillent l'enfantement
et président à la messe.
L'univers est aux gaz
décimeurs des tranchées
qui sans vergogne rasent
rats, hommes arrachés.
Et la guerre l'a bercée, la guerre l'abrègera.
Et puis l'enfant grandit,
ogresse coléreuse
du lundi au jeudi,
désolée et pleureuse
quand la semaine plonge.
Enragé désespoir
le mal des guerres la ronge
au fer rouge de gloire.
Et la guerre l'a bercée, la guerre l'abrègera.
La jeune fille paraît
lutin d'air incongru
dans un poisseux marais
qui barbotte en verrues.
Elle a bu le marasme,
bébé frais frétillant,
digérant le fantasme,
viril tonitruant.
Et la guerre l'a bercée, la guerre l'abrègera.
Epouse et mère adviennent
faisant d'elle une dame
peut-être même reine
riche rêve sublime.
Son monde a rétréci
marais devenu flaque.
De tous à la merci.
Aîe ! les quenottes claquent.
Et la guerre l'a bercée, la guerre l'abrègera.
Et la vie se poursuit
agrippée dans les vagues
parfois saute et s'enfuit
elle déborde la digue
elle entend Dieu le Père
qui punit et protège,
inonde la galère,
combat le sortilège.
Et la guerre l'a bercée, la guerre l'abrègera.
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