Little
Miss Florida parle de l'enfance, de la douleur de l'abandon et de
l'importance de toutes petites choses qui changent tout. L'amitié,
le respect, la douce folie quotidienne et l'espoir coûte que coûte
restent les meilleurs pansements de l'existence. Et l'on peut
grandir, alors, encore et encore, ensemble.
Romy,
Beverly et Louisiana ne se connaissent pas. Elles se retrouvent au
cours de t de twirling d'une ancienne championne de la discipline
aigrie et assez ridicule, il faut bien le dire. Chacune a son
caractère, bien trempé et singulier. Elles sont toutes trois
apparemment inconciliables. Le trio semble improbable. Pourtant, les
voilà qui se lient d'amitié, un peu malgré elles. Ou peut-être
qu'en fait elles se ressemblent beaucoup plus qu'on ne le croit et se
complètent dans leurs différences. Romy et Louisiana tiennent à
leur rêve. Elles se battent pour le réaliser. Beverly préfère
jouer la carte du détachement, teinté d'authentique désespoir.
Mais les trois fillettes finissent par faire équipe et s'entraider.
Chacune a sa façon de faire, de s'exprimer, de vivre sa vie et ses
douleurs. Mais elles parviennent à se comprendre les unes les
autres, à force de tolérance et d'affection.
La
fantaisie, qui frise souvent le délire, de Louisiana et de sa
grand-mère sont d'abord tournée en dérision par les deux autres,
rationnelles, terre-à-terre qui croient voir leur salut dans leur
maturité. Ce n'est qu'une intelligence d'adulte très normal, trop
normal qu'elles imitent. Mais la famille Elefante, Louisiana et sa
mamie folle-dingue vont entraîner la petite troupe dans un monde un
peu magique, un peu factice mais qui va inciter tout le monde à
rester vivant et ne pas perdre espoir. C'est un monde plein
d'affection et qui n'a pas peur d'avoir foi que le monde des
Elefante. Le désabusement n'y a pas sa place. Il n'y est pas
interdit. Il n'y existe pas. Alors, il s'agit de continuer de croire
et de se battre, prendre des risques et enfin rire ensemble.
Ces
deux personnages, et quelques autres plus secondaires, donnent une
nuance féerique au roman. Il ne s'agit pas de rêves qui font
s'échapper du réel, même si ces derniers ont toutes leur utilité
pour les petits et les grands. Mais ici au contraire, c'est cette
féerie qui permet d'accepter le réel et sa dureté et de finalement
reprendre goût aux choses.
L'on
suit dans ce récit les va et vient de l'âme de Romy qui a pris
conscience de sa vie intérieure et de ses remous suite au départ de
son père du foyer familial. L'on est bercé tout du long par cette
image de marée, de flux et reflux de l'âme, qui traversent
l'histoire. Romy expérimente la compréhension de ses émotions et
leur force, leur violence parfois. Elle en décrit la variété avec
une poésie aux allures d'enfant plus parlante que bien d'autres.
Ce
qui fait se rejoindre ces trois enfants, derrière leurs
dissemblances, c'est l'expérience de l'abandon et de l'absence. Le
père ou les deux parents, pas de frère ni de sœur. La solitude est
leur lot à toutes les trois. Elles doivent vivre avec et chacune a
là aussi sa façon de faire et toutes sont respectables. Elles se
conjuguent, à trois pour réparer les blessures.
C'est
un roman de la résilience enfantine, dans l'amitié et l'intensité
des sentiments de cet âge. Et les adultes qui soutiennent ne sont
pas ceux qu'on attend : ce sont les plus extraordinaires, les
plus fous et les moins conformistes. L'adulte normal ne sert de rien.
Alors, qu'attend-on ? Soyons fous !