mercredi 4 juillet 2018

La petite fille muette

La petite fille
muette
sans parole
sans esprit
simple bête
survie animale
ne meurt jamais.
Elle est
fragile
sans défense
sans attaque
présence indue,
et ne
meurt donc jamais.

La petite fille
muette
les yeux ronds
effondrée
debout rester
pour ne pas
faire de
drame
ne pas jouer
la folle.
Tous ses organes
tombés
dans le sein du
bassin,
la poitrine vide,
plus rien ne tient.

La petite fille
muette
dure et dure
sans jamais s'éteindre.
Elle noue la gorge
assèche la bouche
ferme les bronches
ronde le dos.
Elle se prépare à
la guerre,
peut-être à la mort.
Elle dit
qu'il n'y a pas de
limites,
que tout peut
arriver.

La petite fille
muette
ne dit pas de
se battre,
ne brandit aucune
arme.
Elle est les bras
le long du corps
pas ballants pour un sou,
raides comme des
branches d'hiver,
les pieds joints
sans un pli
sans un trou,
la tête parfaite à
angle droit,
le soldat
œil face au mur,
interdit de réponse.

La petite fille
muette
est un corps de
tabous,
ne rien bouger,
ne rien parler,
ne rien délier.
Elle est gelée
dans ce corps
de
glaciers
centenaires,
dépositaire
et
légataire
prisonnière.

La petite fille
muette
ne sait que
muetter.
Elle apparaît
et la peur
fige
comme une lave
frigide.

Pourtant,
elle restera
muette,
à son habitude,
immobile,
impassible,
intouchable,
inébranlable
et terrifiée.
Elle sera spectatrice.
Elle ne sera rien
d'autre.
Mais elle aura
tenu le devant
de la scène
les longues heures
qui précède le
face à face.
Elle est ce que je
ne suis plus.
Elle garde
pourtant
usurpatrice
sa place sous
mon soleil.
Je la hais.
Je l'égorgerais
si !
Mais elle
glisse,
de glace
qu'elle est
et elle
reviendra par un autre
bout,
là ou plus tard,
un autre jour.

La petite fille
muette
attend que
je hurle
ce que je n'ose
pas.
Ce que je ne sais pas
encore
aussi.
Elle attend pour
mourir
et s'enterrer en moi
en paix
enfin
que
je clame
ou simplement
prononce,
peut-être cela suffirait-il,
ce que je ne
comprends pas
et la délivre.
Petite fille
muette,
donne-moi les mots
qui nous délivrerons.
Quoi qu'il en coûte.
Le pire est déjà
derrière nous.


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