dimanche 15 juillet 2018

On a tous un grincheux

Il grogne,
il muffle,
il ronfle,
il ronche
il chonche,
plus souvent il que
elle
quoi que,
quoi que !
déformation myopique
qui ne voit que de près
avant de
se retrouver presbyte,
la peste de l'époque
les yeux pleins de buée.
Disons il,
simplif'.
Jamais aimable,
jamais courtois,
jamais d'accord.
Surtout non que non !
jamais d'accord.
C'est l'ours mal léché du coin,
le mal baisé,
le schtroumpf Grognon,
le nain Grincheux.
Qui n'a pas le sien ?
Chaque famille
et chaque village,
de tous les temps,
de toutes les œuvres.
Il se cache derrière ses sourcils
broussailleux.
s'il n'en a pas,
pas de chance,
il y a toujours un
bien-aimé couvre-chef
remarquez.
Il se cache,
on ne voit pas ses yeux.
Qui regarde ses yeux ?
De toute façon,
il ne les livre pas.
ils sont sa perle
rare,
son précieux secret,
ils virevoltent,
sautent du coq à l'âne,
ils sont insaisissables.
Ces yeux-là,
il faut avoir la patience
de les
attendre
immobile et
patte blanche.
Alors le petit miracle
peut
éclater
et les pupilles se posent
entre les vôtres :
ils sont clairs
ou foncés,
cela n'y change rien,
ils sont faits de
velours.
Ils sont ourlés dans de grands cils
de biche,
faciles comme dans du beurre.
Ils ne sont pas
fragiles.
Ils sont moelleux.
Comme un chamallow
mais pas rose !
bien attention à cela !
L'ours mal léché du coin est
le plus tendre d'entre
tous.
Depuis la nuit des temps.
Sa confiance est
sacrée
et sans rondeur.
Mais elle n'a ni lieu ni âge.
Elle est de toutes
les aventures
et quel qu'en soit le
prix.
Il grogne,
il muffle,
il ronfle,
il ronche
il chonche.
Et il fait croire la main de fer,
il faut bien donner le change,
mais c'est en vrai
un nounours d'antan
qui ronronne 
sans un mot.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire