L’humour se désarçonne devant la gravité du fou. La folle l’emporte définitivement.
Folle d’être rousse
Folle d’observer sans sourire.
Folle de sortir. Tous les jours.
Folle de croire.
Folle de montrer.
Folle de tout calculer.
Folle de ne jamais s’arrêter.
Folle de haïr le rêve.
Folle d’incohérence.
Folle d’indifférence et de drames.
Folle de minuscules détails.
Folle dédimensionnée.
Folle aux couleurs inhumaines.
Folle qui se laisse regarder.
Folle que tous reconnaissent.
Folle qui porte sa marque.
Folle au fer rouge.
Folle jamais furieuse.
Folle hibernée pour toujours.
Folle impassible.
Folle en tempête invisible.
Folle qui déserte son corps.
Folle qui désobéit.
Folle aveugle du non-dit.
Folle amoureuse du mythique.
Folle enlaçant Œdipe.
Folle poursuivant la vie.
Folle aux trousses de la mort.
Folle qui n’a pas de route.
Folle qui suit toutes les routes.
Folle qui ne choisit plus.
Folle de ne pas s’enfuir devant les monstres et les fantômes, les sorcières et les nains.
Folle d’accepter leur fardeau, sa dot. Personne n’en veut. Tout le monde la fuit. Et se protège.
Folle de salir ses mains irrémédiablement. Tachée de l’encre amère des générations torturées.
Folle de ne pas même y voir l’immense souillure.
Folle d’ignorer l’excommunication. L’amie des morts n’a pas sa place dans notre monde de vivants. Elle est brûlée, chassée, camisolée, loin de ses congénères qui la transforment en répugnance.
Folle de craindre les portes et les clés. De ne pas craindre les ricanements et les sarcasmes prêts à fouetter, lacérer jusqu’à crève.
Folle de préférer son propre cri de douleur au craquement des gonds qui pivotent.
Folle qui pressent la vacuité décorée de toutes choses. Qui ne peut l’ignorer et a appris à jouer avec ses camarades, un peu simplets d’esprit. Fragiles en fait, il ne faut pas leur dire. Chuuuut…
Folle d’attendre en patiente le moment de la gloire où sens dessus dessous, on la couronnera.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire