vendredi 20 décembre 2013

Anna mue (26)

Elle s’est assise,
pas sur une pierre polie, sur une seule fesse, à demie, regardant l’eau du ruisseau tendrement.
Débiles de romantiques.
Elle s’est assise,
en tailleur sur le bitume s’agitant un peu, le regard sec, les lèvres sûres.


Sans pleine lune et cris, juchée sur la colline
enchantée, je brise le cou menton pointé
au firmament. Je reprends le rêve effronté
d’être homme, existentielle indiscipline.


Elle n’est pas remuée,
immobile sur le pavé hostile, sale et battu de Paris,
indifférent.
Débiles marches mécaniques.
Elle n’est pas remuée,
en tailleur intrépide, balançant en rythme impeccable son buste.


Jours interminables, tête qui dodeline
le long du temps qui passe en traînant, tête hantée
d’impatience aspirée, essoufflée, éreintée.
Honte et combat sans frein de l’humeur féminine.


Elle s’est déployée,
droite sur ses fines hanches, la taille flambante, les seins guerriers et attiseurs,
impavide.
Débiles femmes peureuses.
Elle s’est déployée,
ceinturée de courage, les yeux brillants d’avenir.


Enfin, la nuit s’approche et tombe et je fuis vole
vers mes hauteurs, délirante délicieuse.
Et je me mue béate en virile gracieuse.
Et au feu l’habit rose, sexiste camisole !


Elle s’est soulevée,
grandie dans son minuscule corps, moins atrophiée, moins léprosée,
pleine entière.
Débiles années d’enfant.
Elle s’est soulevée
contre cette injustice utérine et sanglante.

Je suis enfin le mâle sous-terrain, idole
de mes immenses heures femelles et vicieuses.
Il surgit mon prophète, nature audacieuse
réprimée sous froufrous lâches secrets et viols.


Elle a scintillé,
épicée pétillante, aimantant tout objet à l’approche de son atmosphère,
éclosion.
Indélébile sentiment d’être.
Elle a scintillé,
en tailleur sur le bitume, sœur d’âme, frère d’armes.

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