Un
mois
deux
mois
trois
mois
dix
mois
de
cohabitation.
Jusqu'à
une petite année.
Longue,
lente,
montée
presque
à
la
verticale.
Elle
ne dit
toujours
rien.
Elle
vit la guerre
intestine,
froide.
Elle
attend.
Tous
les belligérants
maintiennent
leur
position.
Elle
finit
bien
par se l'avouer :
elle
souffre,
elle
s'épuise,
elle
s'assèche
toujours
plus.
Elle
ne veut pas
l'entendre
d'une
autre bouche
que
de
la sienne.
Les
autres
n'ont
pas le droit
d'en
parler,
de
la rabaisser
ainsi,
de
l'humilier
encore.
Elle
leur claque leurs
caquets
à
coup de
silences
étourdissants.
Sauf
que ça,
ne
peut pas durer 107 ans.
Sans
savoir par quel
miracle,
elle
stoppe le lourd
rouage
qui
la tient ferme.
On
est un soir,
une
nuit même,
on
danse,
on
s'amuse.
Les
vacances.
Une
nouvelle vie commence pour tout le monde,
ici.
Elle
est avec son amie
celle
qui,
elle
ne le sait pas
encore,
deviendra
sa sœur.
Celle
qu'elle n'a jamais eue.
La
sœur qu'elle
s'est
choisie.
La
sœur évidente.
Elle
se plante devant elle.
Elle
la regarde droit dans les yeux.
Elle
prend son courage
à
pleines mains
et
pose la fatale
question.
Suis-je
malade ma sœur ?
Cette
ascension à pic est-elle entrée en
folie ?
folie ?
Ma
sœur, dis-moi avec ta douceur et ta franchise,
ta
patience et ton cœur pur,
est-ce
grave tout cela ?
Est-ce
grave ?
Oui,
répond -t-elle.
Elle
est parfaitement droite
et
claire.
Leurs
regards
sont
plongés l'un dans l'autre.
Elles
n'ont aucune
échappatoire.
Elles
sont dans la plus entière
vérité.
Elle
s'attendait
de loin très loin
à
cette réponse.
Mais
pas ici maintenant,
en
plein visage.
Elle
n'est pas blessée.
Elle
ne souffre pas.
Elle
est un peu
bouleversée.
Elle
tremble
l'âme
enfin
ouverte.
Elle
se dit une seconde
que
c'est
impossible.
Mais
très vite,
quicky,
speedy,
lucidité
reprend ses droits.
Un
boulevard s'est ouvert
pour
elle.
Elle,
tremble
de
faire face.
Comme
si elle avait sauté du
36ème
étage.
Retombée
pourtant sur ses pieds
comme
chat,
ou
encore en vol,
peut-être.
Ma
sœur,
es-tu
sûre ?
Oui,
répond-t-elle,
sûre
et certaine.
Elle
tremble
d'émotion,
elle
qui ne ressent plus rien
depuis
des mois,
plus
d'une entière
année.
Elle
est
infiniment
soulagée.
Elle
voit aussi
l'immense
route
qu'il
va falloir
parcourir.
Mais,
celle-là,
est
sous ses pieds,
ne
glisse pas,
ne
se dérobe pas,
ne
manque pas de se craqueler
et
de l'engloutir
à
chaque pas.
Une
route comme les autres,
peut-être
un peu plus
lente.
Elle
baisse la tête quelques secondes.
Puis
elle revient dans les yeux
de
la sœur, Merci.
On
ne se prend pas
dans les bras.
dans les bras.
Pas
encore.
Elle
ne peut pas.
Mais
l'amie
l'enveloppe
quand
même,
autrement.
Et
elle la serre
aussi
fort
qu'elle
voudrait pouvoir
demander
et
aimer.
Elle
a frôlé la mort.
Elle
sait depuis
quelques
instants,
qu'elle
s'en est écartée,
comme
projetée en arrière,
dans un nouveau pays.
Elle
a choisi la vie.
Elle
l'a choisie.
Au
bras de l'amie sœur.
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