mardi 23 mai 2017

Patate se vide et puis explose

Patate a
parfois le ventre et
la poitrine
trop pleins.
Patate a
parfois le ventre et
la poitrine
trop creux.
Elle est grosse bébête
ou
vide squelette.
Elle voudrait
parfois
aspirer toutes ces saletés
qui la pourrissent
de l'intérieur.
Elle voudrait
parfois
se remplir de tout atome
qui lui échappe,
volette loin d'elle.
Elle oscille,
douloureusement
entre
trop-être
et
manque-à.
Elle ne sait pas
si d'une minute à l'autre,
elle sera bibendum
dégoulinant
ou sac d'os
troué vidé.

Patate ne sait pas
ce qui se passe quand elle est
l'un
ou
l'autre.
Elle ne sait pas ce
qui l'engrosse
ou l'avorte.
Elle ne sait pas où
court son être,
le sien,
le propre,
celui qu'elle devrait
préserver
dans son enveloppe.
Juste faite pour lui.
Son être se promène
par-ci
par-là.
Il resurgit d'un coup
accompagné,
rond comme une barrique
et lourd aussi comme un gros porc
fin prêt.
Elle n'est rien
et revoilà son tout,
et ses autres.
N'importe qui
s'invite.
Elle n'a aucun droit de
veto.
Elle est parfaitement
impuissante.
Elle y croit du moins.
Et toujours,
elle n'y comprend
rien.

Alors,
de loin et derrière mon stylo,
trop facile !,
mais bien sûr !,
je rêve de parler
à Patate.
De lui parler
des flux et reflux
qui l'anime elle,
et tous ses congénères,
de ces marées,
les émotions.
Ces vagues parfois,
plus rapides que la lente montée des
eaux
ou leur perte.
Ces tsunamis aussi
quand on l'âge de Patate,
si fréquents,
trop fréquents,
violents,
enivrants
ou
destructeurs,
qu'on provoque
ou
qu'on étouffe.
Je voudrais lui dire
que jamais
son être ne la quitte,
qu'elle n'est jamais rien,
que personne n'a droit d'entrée
en elle.
Que tout cela,
lui appartient.
Que les écarts fous,
les grands huit
peuvent cesser,
qu'ils cesseront,
ou qu'on se met à les aimer
si
on y plonge aussi.

Patate,
tu ne seras ni plus bête
ni plus folle
à vivre le grand huit.
Patate,
ne l'empêche pas,
il te rattrapera,
ou la mort.
Quand tu sens vide,
tu es pleine de trous noirs
et pleine quand même.
Quand tu débordes,
tu te détestes tant
que tu t'évinces,
disparais
et la fiesta pour les
malotrus sans
moindre autorisation.
Quand tu débordes,
tu restes là
toujours,
pleine de haine
vide d'amour.
Quand tu sens vide,
tu restes là
pleine d'espoir
vide d'amour.
Toujours tu es
vide d'amour
et
de confiance.
Toujours tu es
pleine de rage
et
de terreur.
Et puis,
tu videras l'un pour remplir l'autre,
sans arrêt jusqu'à ce que
l'équilibre se trouve.
Et tu diras :
Je suis pleine de
vide de ;
je suis un monde d'émotions.



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