lundi 8 mai 2017

La mise à mort (9)

Dès lors,
s'amorce la véritable
lutte
contre soi-même.
La guerre intestine
arrangeait.
Pas confortable
bien sûr
mais solution tout de
même.
Maintenant que l'amie sœur
a parlé,
qu'elle,
s'est laissée toucher,
un autre temps
advient.
Elle a ouvert
la bulle.
Elle a crevé la magie
noire,
la solitude,
l'intimité totale,
la solitude
facile,
sans autre paradoxe
que le sien propre.
En éclats.
En poussière.
Elle se remet à
partager
son monde.
Tout doucement.
Avec douleur.
Des hauts des bas,
reculades,
plus d'une fois,
parce que le réel
heurte trop
le réel bélier
le réel massue
qui ne prend aucun gant,
qui ne cache de rien
qu'elle retrouve
amère parfois,
elle l'avoue.
Elle ne regrette rien.
Rien.
Pour toujours,
elle ne regrette rien.
Elle est fière de
se battre
pour affronter
le quotidien
avec ses autres
et
ses contradicteurs
partout
tout le temps.
Elle est fière
et
pour la bien première fois,
elle ne regrette rien.
Ne s'en veut pas.
Au diable les flagellations
d'antan !
Essaye de se
consoler.
Longtemps en vain.
Longtemps.
Elle ne sait pas
bercer ses douleurs.
Elle ne sait que
punir,
enrager,
poignarder.
Mais elle a l'amie sœur
qui sait,
elle,
mieux que quiconque.
Qui répare
ce qu'on dit brisé à vie.
Pas tout,
mais elle bricole
comme un as.
Et elle reste dans le cœur,
la première,
à ne pas s'évanouir.
Elle est tatouée
sur son cœur.

Peu à peu,
elle va retenter
d'aimer.
Réanimer l'âme congelée
qui ne connaissait plus
que
l'angoisse
et l'ennui.
Parfois à regrets,
oui.
Parfois,
exaspérée
de fragilité,
trépignant
d'impuissance.
Incapable d'ad-
mettre l'infinitude
de sa condition.
Rêvant la force
et l'inviolable.
Souvent.
Toujours.
Rêver pour ne pas
sombrer.

Elle ne regrettera rien,
jamais.
Mais elle
haïra le Ciel,
la nature,
l'enfance,
d'avoir eu aussi
mal.
D'avoir saigné
sans discontinuer
des années durant.
Elle haïra
encore et encore,
elle nourrira cette
colère,
elle s'en mangera les
poings,
elle blasphémera tout ce qu'elle
peut,
souhaitant la mort
des plus inconscients,
irresponsables,
indifférents.
Pas les méchants,
on le comprend.
Les insouciants
qui tuent
et passent leur
chemin
comme des naïfs,
blancs comme neige
et vous traiteront de
fou quand,
miroir à l'appui,
vous leur tendrez sous le
nez
leurs
noirceurs.
Les irréfléchis
toujours innocents.
Imbéciles !
Ignards !
Aveugles !
Les plus dangereux.
Sa rage ne cessera pas.
Elle continuera
de harceler le Ciel
pour savoir
quoi comment pourquoi
décide-t-on
que toute cette merde en
vaut
la peine.


Quand plus tard,
on reviendra sur cette
époque,
la mise à mort,
qu'on lui dira
« Quelle folie !
Quelle souffrance !
Était-ce inévitable ? »
elle répondra
« Je suis là devant toi
et c'est bien grâce
à cette folie.
Ce fut ma renaissance.
Mise à mort pour renaître.
De toute façon,
j'étais déjà morte
bien avant.
C'était avant
qu'il fallait s'exclamer
Quelle folie !
Quelle souffrance !
Celle de l'enfant qui se bat
coûte que coûte,
et très cher,
pour survivre
désarmé,
le combat le plus
injuste qui soit.
L'enfant seul le connaît.
Alors,
non,
ce ne fut pas l'épreuve.
Ce fut le soulagement.
Mais encore aurait-il
fallu
regarder
et
entendre
l'enfant
au bord du
gouffre,
en agonie
jour après jour.
Mais l'adulte,
le monde
est oublieux
de son passé.
Il a été enfant
et l'oublie aussi vite
qu'il pousse
et s'assied dans la vie.
Alors elle, 
elle ne promet qu'une chose :
relever,
sur ma route,
les enfants en mourance.
Et ne pas oublier.
Jamais. »




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