mercredi 3 mai 2017

La mise à mort (7)

S'engage la terrible
cohabitation
avec l'impitoyable
lucidité.
Elle n'y est pour rien.
Elle sent que,
toute seule,
elle aurait continué
de se bercer,
tout doux,
tout fou.
Elle sent que la lucidité
qui poignarde
sans aucun doute
l'illusion
vient des autres.
Elle n'est pas
sienne.
C'est la vérité de l'autour.
La vérité du dedans
est tendre
et tarée.
On dit que la lucidité
se choisit.
Qu'on en est toujours,
ô oui toujours !
Acteur.
Elle récuse
tout à trac
cette affirmation
de psy
qui ne pense plus
ses idées.
Elle n'a
en aucun cas
choisi
cette pute de lucidité.
Elle n'a
en aucun cas
choisi
de se remettre
à
souffrir.
Elle n'est pas
conne
à ce point.
Elle a choisi
de
ne
pas
som-
brer ;
de
ne
pas
donner
raison
aux gènes
de la
folie.
Elle a choisi
de
briser
la chaîne
des fous.
C'est tout
ce qu'elle a
choisi.
Pas de savoir,
ni de comprendre,
ni d'être,
surtout pas d'être,
raisonnable.
Juste d'é-
viter la
folie.
Alors non,
elle n'est pas actrice
de sa
lucidité.
Elle y est
acculée.
Parce qu'elle
sait
ce qu'elle risque.
Elle est jeune
mais elle sait.
Elle a vu
au-dessus d'elle
toutes les
générations
délirer.
Elle veut
juste
ne pas être
des leurs.
Les autres lui disent
qu'il y a
un couac,
à mi-mots.
Elle n'y entend
rien
jusqu'au jour où
résonne
la folie chronique
pour toute la vie,
sans exception,
et mange ta merde !

La cohabitation
durera,
longtemps.
C'est un équilibre
précaire.
Mais la nature
se contente
du précaire,
du moment que ça tient
le coup.
Elle se taira.
Elle aura honte
mais seulement quelques secondes
parce que maintenant c'est insupportable.
Plus jamais honte !
Elle fera semblant
et elle forcera la main aux autres.
Elle les obligera à
se taire.
Ceux qui parleront
ne serviront
à rien.
Ils seront méprisés
et ironisés.
Elle vivra
absolument seule
cette cohabitation
des contraires.
Mur de Berlin.
Grillage carcéral.
Barrière de peur
mais nécessaire
à la survie
d'un ordre.
Aussi précaire
qu'il soit.
Elle
et
les autres.

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