mercredi 9 août 2017

Pitay chez Haricotte

Elle décide de se rendre chez Haricotte.
Haricotte appartient à la même engeance que Patate. Pitay s'en sent déjà plus détachée désormais. C'est sans doute la raison pour laquelle elle se dirige vers chez elle. Elle s'en sent capable. Parce qu'au fond, elle a beau être devenue Pitayak, elle a peur de ce qu'elle va trouver derrière le décor. Elle n'a connaissance de rien de la vie de Haricotte. Elle n'a jamais voulu demander. Et Haricotte n'est pas bavarde sur le sujet. Comme Patate, elle essaye de faire avec le principal et le présent. Ce qui se passe avant et après sera géré avant et après, chaque chose en son temps car chacune est une épreuve. C'est l'impression que donne en tout cas Haricotte. Non pas qu'elle ait l'air débordée, elle ne laisse pas l'air se dévoiler, mais elle est secrète et concentrée. Toujours concentrée. Haricotte est une très belle fille. Vraiment très belle. Des cheveux sublimes longs bouclés, des yeux verts perçants, un sourire Colgate, un corps sans accrocs. Ni trop ni trop peu. Patate l'a souvent regardée avec envie. Mais elle est sans doute la seule. Haricotte a beau être si belle que cela, elle ne le sait pas, elle n'y croit pas et c'est comme ça qu'elle perd la partie. En légumescence, tout est encore davantage question de croyances qu'à n'importe quel autre âge de la vie. Haricotte n'a foi qu'en les autres, Patate n'a foi en personne, et le tour est joué. Elles sont nécessairement perdantes. La seule foi réellement utile, c'est celle qu'on se donne à soi-même. Mais les deux-là en sont parfaitement incapables. On ne leur a pas appris ça. On les a lancées dans le monde sans avoir foi en elles. C'est comme ça. Elles devront apprendre sur le tas. Pitay a déjà bien avancé mais pas la foi. Les deux filles devront la conquérir.
Pitay arrive chez Haricotte. Elle connaît bien le chemin. Elle y est souvent allée. Elle aime bien voir Haricotte en-dehors du collège. Elle se sent en sécurité avec elle. Et Haricotte est rigolote quand elle est toute seule. Elle n'a plus tous ses secrets. Et elle est encore plus belle. Patate le lui a dit un jour. Elle voulait qu'elle le sache, elle trouvait ça important. Eh bien, Haricotte a éclaté de rire, un vrai rire franc, même pas amer, et a dit : « c'est ça Patate, arrête tes compliments à la noix. Ca se saurait si j'étais une belle fille. » Et elle a changé de conversation, toujours sans aigreur. Patate était restée silencieuse. Sa parole ne servirait à rien. Elle a mesuré ce jour-là l'écart des regards, et l'incommunicabilité, parfois, la force des croyances. Elle a espéré qu'un jour Haricotte se rendrait compte.

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