jeudi 26 février 2015

Accident 5

Le petit matin
pointe.
Nous sommes un
lundi.
Tout en est à son
commencement.

L’angoisse de la page
blanche.
Tous les devoirs
qui nous
attendent
pour cinq jours
ouvrés.
Et le reste.
Bien sûr.

Le lundi matin
tôt
abat
son monde.
On n’est pas gai
pinson
sauf exception.
Alors,
on traîne de la
savate
qui paraît toujours plus
usée,
à ce moment-là.

Les petites routes de campagne
vides nous
ressembleraient
davantage
que la grande autoroute
dont on ne se
détourne pas
sans s’égarer
en fou.

Mais aux intenses citadins,
il est enjoint de vrombir
et accélérer
dès le tôt lundi
matin.

Le ciel est clair
comme les roses.
N’importe qui
en serait
romantique.
Presque le pire des
sadiques
aussi.
Le ciel est solidaire
de l’état d’âme
languissant.

Le monde est un traître
et artiste
implacable.
Un génie,
comme on dit.
Invivable
extraordinaire.

Les paupières en voie
inquiétante
d’alourdissement,
se redressent,
se crispent,
se figent.
Elles tirent
non sans mal
sur les yeux
qui voudraient
s’échapper
de leurs trous.
La bouche se met
au diapason.
Les narines
suiveuses.
Le cou s’étire
et entraîne
le buste.
Les seins des unes
s’écrasent
sur leur volant.
Les autres cassent les
poignets
à s’accrocher
mais reculer.

C’est une œuvre d’un
autre siècle,
un immense paysage
vivant
sans êtres pourtant.
Le ciel est un cliché
du genre.
Et sa douceur
détonne
avec le cramoisi
et acier du premier plan.
Le monde peintre
génial
a fait jurer les deux
parties.
Rose
rouge
et noir.
Et le tableau
est vampirique.
Une immense ligne
téléphonique
trace
maigrement
la différence
mais elle se fait
elle aussi
rattraper
et tacher.
Par endroits,
elle disparaît
très loin.

On ne sait plus,
en ce lundi matin
tôt
devenu vibrant
en moins de deux,
ce qui est de
terre
ou de mer.
Les bouées rouges
pullulent,
grossissent,
éclatent et puis
coulent.
Dégoulinent
salement.
L’impressionniste finira par
diluer ses jaillissements
et demain mardi,
il n’y
paraîtra
plus.
Tout sera de nouveau
propre
et
vierge.
Le monde est un
génie
sans remords.
Pour l’instant,
le tableau se poursuit.
Il se transforme.
C’est un
impressionnisme
en mouvement.

Pour équilibrer l’œuvre,
cinq points
d’attache
se distinguent.
Surtout pas cardinaux
pour la vérité animale
du tableau.
Ils se répondent
mais
ne s’égalent pas.

Cinq corps
ensanglantés
qui s’incrustent
dans les yeux
des conducteurs
ronrons
du lundi matin
tôt.
Cinq corps- bouées
flottants
poissons-volants
pour une fois
dans leur vie.
Peut-être n’en ont-ils jamais
rêvé.


Cinq
et tous ceux déjà peinturés
au sol,
ligne de terre
du tableau,
mouvante
et gluante
d’accidents
assassins.

Percussions
criantes
barbouilleuses
bariolées.

Le tableau
de Monsieur Monde
qui jamais
ne lâchera
les spectateurs
écarquillés.

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