dimanche 22 février 2015

Le singe hurleur

Celui qui crie,
le singe hurleur
que tous les animaux
laissent
hurler.

Celui que les félins
placides,
bien au-dessus de
Cela,
ignorent.
Ils auront bien d'autres
proies
à tuer.

Celine qui réussit,
quand même,
à effrayer
les étrangers
et les vulnérables,
comme un
pauvre
épouvantail.

Le singe hurleur
au sublime regard
noir
et triste
quand il se tait,
quand il ronronne,
quand il câline.

Il reste immobile
s'il le veut,
presque timide,
mais les prunelles
brûlantes,
noires de vie.
Il inspecte
le fond des êtres.

Et puis,
son aliéné
intérieur
repart à l'assaut.
Il découvre
les crocs
fous,
implacables.
On n'a plus qu'à
se taire
et supporter
ses cris
ahurissants.

Le singe hurleur
torture
les esprits sains.
Il doit hurler
pour exister.


J'aimerais hurler
plus fort
que lui,
plus haut,
plus perçant,
jusqu'à briser ses
os
en mille poussières.

J'aimerais étouffer
son cri
impuni
sous les miens
ravalés
des jours et des mois.
Hurler moi aussi
comme une furie,
me libérer
de tous les cris
digérés
non sans mal,
par accoups.
Un chauffard dans
le ventre.

Je hurlerais
droit dans ses yeux,
pour qu'il
avale,
lui,
à son tour,
mes déchets
fétides
et
glaçants.

Je lirais alors,
sur sa face,
le désarroi,
les orbites décuplés,
les narines palpitantes,
et,
il ressaiera son
hurlement,
qui se perdra,
cette fois,
et,
il me montrera
ses mains
vides
mais saignantes.
Le sang coulera
des oreilles,
les larmes douces
seront lourdes
et rouges,
la poitrine s'ouvrira
et ruisseau
sombre descendra
à ses pieds.
Il tendra
ses mains
vides,
gouttantes,
pour que je cesse
le cri.

Le singe hurleur
hurlera
demain
ou plus tard.
Il hurlera.
A nouveau,
je supporterai
et les félins
continueront
de ronfler.
A nouveau,
je hurlerai
un jour
et il saignera.

Beaucoup plus tard,
le singe hurleur
deviendra
éléphant,
selon les lois
de la métamorphose.
Il ne criera
que pour
protéger
sa famille.

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