mardi 17 février 2015

Prier, ne pas crier

On ne va pas crier.
On ne va pas se lever
les bras en l’air
et les sourcils arqués.
On n’en a plus envie.
Le temps de la
colère
est passé.
S’approche celui de
l’amertume.
On la tient à
distance.
C’est une bête
qu’on dompte.
Elle ne bondira
pas.
Elle préviendra.

On ne va plus crier.
On n’a jamais crié.
Mais on ne criera plus
quand même
à l’intérieur.
On crie toujours de l’intérieur
sans décibels.
Les yeux hurlent
seuls.
Et souvent
cela suffit.

On ne va peut-être
plus se battre.
Peut-être qu’on a
envie
de rester très
tranquille.
Peut-être
qu’on s’apaise
en partie
en lâchant
le duel.
Les mains en l’air,
on laisse tomber
l’arme,
et on tourne
son dos
sans crainte.
Et on se réfugie
au repaire
sans se retourner.
On s’installe bien au
chaud,
contre les parois
solides.
On se cale
et
on regarde
la scène,
de loin.
Là,
on ne peut
plus
venir nous
chercher.
L’entrée
est trop étroite.
Elle est faite
pour.
Contre
toute incursion.
Sans heurts
sans rien,
sans rien du tout.

On se protège
dans son repaire,
si ça allait
pire,
on se bercerait.
Mais, non,
là,
on est simplement
immobile,
doucement,
et s’en remet au
temps.

On attendra   
qu’autre chose
se passe.
On attendra
un peu plus
loin.
On n’a plus rien
à dire,
redire.
Tout a été mastiqué
jusqu’à la
moelle.

Sauf qu’attendre
immobile,
c’est laisser avancer
l’amertume.
Alors Dieu
fait un petit
coucou
de son ciel.
Et on va prier.
On ne va pas crier.
On va prier.

On lève les yeux
là-haut
pour un espoir.
Pour ne pas
rapetisser
dans son trou.
On pourrait devenir
transparente.
C’est arrivé,
à force de ne
plus crier
ni prier
et l’amertume
a soufflé
toute la chair.

On prie
depuis la tanière,
on prie,
les yeux un peu
tristes,
c’est vrai.
On prie
bien au fond
de soi-même,
jusque très loin
là-haut.

On prie
pour que l’angoisse dise
faux,
pour que le passé
s’oublie.
On prie
sans trop de ferveur
pour ne pas tout
gâcher
à s’échapper
ainsi.

Le cœur brûle
malgré tout.

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