jeudi 12 février 2015

Le voleur et la tortue

L’immense bonhomme
prend son air
sentencieux.
Il sait
il a compris ?
Non, il questionne
malhonnêtement.
Il questionne
comme un voleur.
Il volera les mots
qui sortiront
de ma bouche
et me les relancera
dans les yeux.
A nu.
Il est en chasse
des mots
qu’il pourra
enflammer.
Alors,
je serre les lèvres
et les fesses.
Pour que rien
ne
s’échappe.
Pas le moindre
fil,
pas la moindre
goutte.
Il ne s’étonne
pas.
ses questions
sont des pièges.
Il les a faites
ainsi.
Il les prononce
à découvert
brillant
d’une intention
maligne.

Je me replie
me mue
en tortue
sans carapace
tirebouchonnée
sur elle-même.
Je fais des nœuds
des millions de
nœuds
pour qu’on
ne voit qu’eux
et n’entende
plus rien.
Puis,
je finis par
relâcher tous les
bouts
et
la tortue
sur le dos,
ventre
duveteux
et fragile
à l’air,
en l’air,
pépère.
Le cou détendu,
presque les bras
libres
le long des
côtes.
Sans enveloppage
inutile.
C’est là
que réapparaît
la carapace
disparue.
Je la fourre
dans mes prunelles
qui s’écaillent.
Et je reprends du poil
de la bête.
la tortue,
on ne le sait pas
assez,
mord
et ne lâche pas
le morceau.
Aussi ridicule
que soit son arme,
elle pince
jusqu’à
ce qu’on s’en souvienne.
Ca n’est pas digne
mais efficace.
Je m’y retrouve.
Alors,
quand
le grand bonhomme
finit avec
ses questions
narquoises
et
son ton
de savant
supérieur,
je crache
le chaudron
pour l’immobiliser
et je l’attrape.
Je n’en démordrai
pas.
Il sourit
de me voir
l’acculer.
Il m’attendait
justement.
Je reviendrai.
Je n’ai pas peur.

Tu ne me prendras pas
deux fois
pour un conne.
Sale bonhomme !

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