dimanche 8 février 2015

La villa sur pilotis

On a assis
sa vie
sur pilotis
pourris.
Clamé
dur comme fer
que grandir
avait été
un long calvaire.
Sans amis.
Sans douceur.
Des rires oui,
et qui font sursauter
l'envie,
disait-on.
Mais qui
laissaient
Intacte la laideur
intérieure.

On a construit
une villa
au-dessus des marais
de déchets figés.
Une beauté
sur pilotis
pourris.
Un édifice
comme on l'avait
rêvé.

On croyait
qu'on serait
toujours
un rampant,
un sous-terrain,
cul-terreux,
croque-la-mort.
De second ordre.
Une sous-espèce.
Mal fagotée.
Mal fabriquée.
Affamée de
lumière.

On a réussi
à
surmonter
la boue.
On a
gardé
dans un coin
la sale méchanceté
du terrain,
territoire hérité.
Ca a bien
débecté
d'avoir
porté
la tête
sous l'eau,
sous terre,
sous tous les éléments.

On a poursuivi
l'œuvre
sur pilotis
pourris.
Branlants.
Pas prête
à
s'écrouler.
Jamais.
Mais grinçant sec
parfois.
Les années ont
Vu
toujours s'embellir
s'épanouir
la villa
et puis
un jour
ses dépendances.

On a continué
de pester
contre les
sous-bassement sur
vaseux.
Toujours et toujours
ressassés.
On a accusé
et nommé
certains des
responsables.
On a condamné
la lignée
les gènes
les géniteurs
eux-mêmes
et tout leur lourd
labeur.
On les a passés
et repassés
à la moulinette.
On a dit,
on savait,
qu'ils s'étaient tout
trompés,
de l'alpha jusqu'à
l'oméga.
On etait
Sans pitié.

On s'est apaisé.
Et encore accusé
pourtant.
Plus calmement,
ca oui.
Mais toujours sans
détours.

Puis,
Brutalement,
à raconter
une nouvelle fois,
l'histoire,
face à de nouveaux
yeux,
on a eu
chaud
aux siens,
d'yeux.
On a raté un coche !
On a eu
chaud
partout :
et si on avait
omis
de penser
tout ce temps
qu'on était
déjà
une enfant
gentiment,
sérieusement ?
déglinguée  ?
Et si
toujours
on avait été
ça
et
pas,
non pas,
qu'on l'était devenu ?
Une enfant
trop fragile.
Une enfant
trop prudente.
Une enfant
trop consciente.
Une enfant
qui ne ferme pas les
yeux
et ne joue pas.
Et cingle
la phrase
entendue
il y a déjà
plusieurs années :
"Un enfant qui ne joue pas est un enfant malade."
Elle cingle
et cette fois
pénètre
par tous les trous
au fond du crâne
et du cœur.

On arrête tout les gars !
On cesse d'accuser.
On se dit
Pas de bol !
Et en même temps,
Les pilotis pourris,
entre nous,
on a pu compter
dessus.
La brume
marécageuse
s'effacera
peu à peu.
Elle commence
depuis
le jour
où les yeux
ont chauffé.

Les pilotis sont
pourris
par l'histoire
qu'on a mis
en scène
si longtemps.
Ils l'ont été
beaucoup
un peu
à la folie
ou pas
ou sont régénérés.
La villa
est descendue
d'un cran
plus près du sol.
De là,
sur le pas de porte,
on redécouvre
le paysage
au-delà.
Dessous et loin.
L'odeur n'est plus
pestilentielle
quand on se penche.

On sourit
déjà
un peu
du passé.

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