dimanche 12 janvier 2014

Miroir de foire (31)



De monstrueuses années à chercher dans les yeux
des autres
un miroir fidèle et lucide.
Ils n'y ont vu que du feu
de longues et besogneuses années.
Ils m'ont trouvée gentille
affectueuse,
expressive,
souriante,
volontaire.
Parfois têtue.
Et j'ai lutté pour ne pas décevoir
mais ne plus leur mentir.
Le travail de lentes années
déguisées.
Chacun à tirer la couverture
à soi,
persévérer
ou révéler.
Un jour,
j'ai senti le lézard,
l'être se fissurait,
et définitivement,
je l'ai su en un battement
violent.
Passé inaperçu,
tant le visible est déloyal
incorrect,
hérétique,
sans scrupules.
A l'âge où l'on croit commencer de
décider,
j'ai débordé de la case,
j'ai haï tous ces traîtres
quotidiens.
Je n'ai pas su que je plongeais ma
vie.
J'ai nettoyé
de fond en comble
idéaliste du ménage symbolique.
Et pour les autres,
du jour au lendemain,
j'ai métamorphosé.
Ils ont tombées des nues,
et comme à l'habitude quand
décontenancés,
vidés du faux,
ont argué la folie.
Je suis une folle
une folle femelle.
Comme beaucoup d'autres,
qui s'ignorent.
On n'assume pas
d'être anormal,
de travers,
distordu,
malformé.
Je n'aime pas ça,
c'est survivance,
à la va comme je te pousse.
Je ne peux pas aimer ça,
regardée comme un ours
en pleine rue de Paris.
Remarquée parmi les énergumènes
de la capitale.
Vibrant la frousse
sur mon trottoir
évacué en urgence.
Je fous la trouille.
Il y en a qui rient,
qui frissonnent,
qui maugréent,
qui soucoupent les yeux.
Jamais on ne m'ignore.
Je ne peux pas aimer ça.
Mais c'est la vérité,
ce que je suis purement.
C'est mieux que contorsions
et les os tous brisés,
dans une boîte à chaussure
alors que 2m20.

Jusqu'à la prochaine vague
calme
les yeux en face des trous,
de certains trous,
certainement pas les seuls,
des trous convenables
et partagés.

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