mercredi 29 janvier 2014

Fatals zéros (37)

Tout le monde le dit, ce que c'est dur les fins de mois ! Apparemment, c'est une histoire d'argent. Je me joins à leur chœur pour cette fois. Je n'explique rien, on est d'accord sur la forme. C'est suffisant. 
Ce soir, il n'est même pas 17h mais je veux qu'on soit déjà le soir. Il fait nuit, c'est tout comme. Satanés mois d'hiver ! Ce soir, je disais, je dois me préparer.
A la nuit.
A demain.
Au surlendemain.
Au fucking trente et un. 
A l'immonde lenteur du dernier soir jusqu'au premier 00h01. 
Avant 00h01, je n'y crois pas. 00h00, on dit généralement que ça commence là. Ça ne me convient pas. Et je me fous de la science bon Dieu !  Ils en font un et ces foins ! Je ne vois pas pourquoi ce serait une meilleure raison que les autres. 
Salope de science ! 
Vulgaire ce soir ma petite ! Tu flambes, prends tes gougouttes ! 
Allez, 1...2...3...4...5 et gloups. C'est vraiment dégueugueu. 
Parce que 00h00, ça n'existe pas, excusez-moi mais c'est un fait, il n'y a que de la nullité. Moi je me sens à poil avec tous ces 0. Et j'attends la minute suivante pour respirer. C'est une fausse heure. 00h00 c’est l’heure des fantômes, des moins que rien, des rien du tout. Je veux être une quelque chose. Alors tous les jours, je me presse pour m’endormir avant cette purée d’heure de 00h00. Je ne veux pas être consciente pendant cette heure où je meurs. Dodo et hop là ni vue ni connue. Mais pour peu qu’on approche de la fin de vingtaine, je ne dors plus aussi bien. Et c’est decrescendo. La vie est mal faite parfois. Alors ce soir, d’hiver, vingt-huit, je vais veiller. Ou plutôt je le sais bien, je vais m’endormir à 20h et me réveiller juste pour le passage à blanc à 00h00. J’ai beau essayer de m’empêcher de dormir, c’est impossible. Comme si mon corps se préparait à la veille de mi-nuit.
Donc, pour atténuer le schmilblick, je vais opérer mes 3h, une fois n’est pas coutume, d’exercices. Ce n’est pas du temps perdu. Je suis plus vite sur pied après. Bon, il faut que je me fasse violence pour ne pas m’arrêter à 2 ou continuer vers 4. Le 3 est un terrible chiffre. J’aimerais l’anéantir lui aussi. L’année des 13 ans a été satanique…les 23 se sont un peu mieux  digérés. Les 30, comme sur des roulettes. Les 33 vont piquer. Ca me démange déjà.
Donc, le planning de ce soir est le suivant : lecture et relecture de la Loi, avant après chaque tâche. C’est l’armature. Ce que ça soulage, rien que d’en parler. Et puis dans l’ordre d’arrivée dans l’appartement :
1-     Ranger toutes les chaussures de fond en comble, les nettoyer de l’intérieur. Dommage qu’on ne puisse pas les retourner les godasses. C’est toujours un dilemme, essaye essaye pas dessus dessous ?
2-     Manteaux par ordre alphabétique dans la penderie. Heureusement que j’ai une bonne mémoire et que je me rappelle de toutes les références. Je suis gâtée pour ça. Parfois aussi, la nature est bien faite.
3-     Démonter le radiateur et le laisser reposer en paix dans la couloir. Nettoyer son arrière-train.
4-     Aspirateur dans la penderie et le couloir et sur le radiateur. Ca le rafraîchit.

Première étape achevée.

5-     Refermer la porte du couloir d’entrée et ne plus la rouvrir avant demain matin. Sous aucun prétexte.
6-     Se tourner vers la grande salle et en avant toute. Prendre son courage en main.
7-     Commencer par la gauche et tourner le long des murs pour ranger, jeter, limpide, horizon libre. Meuble après meuble, coin après coin.
8-     De retour à la porte communicante, respirer bien profondément et sentir le bien-être pointer son nez.
9-     Eventuellement, réciter la Loi une fois de plus à ce moment-là.
10-  Aspirateur sur toute la surface sans aucune exception, le lit est relevé contre son mur.

Deuxième étape achevée

11-  Ne plus toucher à rien et investir la cuisine. Grand et rude labeur.
12-  Faire un tour des opérations à mener. S’organiser très rigoureusement.
13- Tourner de gauche à droite toujours le long des parois de la pièce. Récurer sans aucune pitié.
14-  La cuisine est un lieu de perdition pour la ménagère, qui plus est en fin de course. C’est mon cas en ce vingt-huit. Ne pas perdre espoir. Tout peut reluire un jour. Frotter, astiquer, abraser jusqu’à atteindre son objectif. Ne jamais abandonner ou c’est la chute.
15-  Une fois toute tache et goutte éliminées, vérifier. La cuisine est un tonneau des Danaïdes.

Troisième étape achevée.

Loi haut et fort.

Délicatement s’allonger sur le lit et évacuer toutes les mauvaises poussières stomacales et vésicales.
Il est 20h et voilà le moment fatidique où il ne faut pas s’endormir. Aujourd’hui, sois prudente Anna, tu dois prêter très attention à ce qui se passe. C’est l’anniversaire mensuel et annuel. C’est le lourd anniversaire. Il ankylose. Je suis une grosse mémère à hauteur d’enfant.

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