mardi 30 juillet 2013

10 - Dépression océanique

       Elle a déplié toutes ses années sur un gigantesque panneau. A bas les coins et les recoins ! Elle ne saura que bien plus tard qu'elle s'adonne à une expérience cubiste. Alors, ce ne sera pas pour déplaire à son snobisme atavique de se sentir une artiste inscrite dans l'interminable narration des hommes. Avant même d'avoir conscience d'appartenir à son espèce.

     Et sa chute fantastique s'approfondit, dépasse toutes les signalisations imaginables.
Elle déplâtre le cocon brise de toutes ses forces le blanc souillé qui l'entoure.
Elle dépotera la fleur qui voudrait encore s'élargir Doit apprendre de ses expériences, grande immaturité.
déplante jusqu'aux capillaires de ses racines, assassinant toute la famille au passage, Vlan les vieux moisis !
dépucèle les pistils confiants droits dans leurs bottes
se dépouille des pétales artifices dépravés par l'impératif méprisable de séduction de la société
dépèce le cœur dans son couffin puant
dépolit toutes les surfaces pour toucher la moelle tendre et poisseuse
et réinventer la logique déplacer les soleils, les mettre en conserve, faire baisser les prix et laisser dépérir l'énergie du monde avec une satisfaction un tantinet surprenante. Enfin, peut-on l'être encore, surprise ? 
Un spectateur occasionnel, ils se convient eux-mêmes puisqu'elle est encoquillée :
yeux inspectant l'intérieur à l'affût de la moindre poussière ; inadmissible
pavillons retournés loquets hermétiques à tous les étages
nez de lépreuse recyclant l'air inspiré depuis le début
lèvres invisibles effacées dans les gencives
joues concaves rebondissant de l'autre côté, le sien, secret mystique interdit.
Peut-être qu'il n'y a plus rien
que tout a dépéri
que c'est une lune fissurée asséchée irrespirable
que des aliens en ont fait leur chef incontesté d'un souffle de souffre
qu'elle leur a chipé leur pouvoir (l'habitude avec les billes)
ou pas
qu'elle est téléguidée comme un vieux jouet de fond de cave sale et avinée.
Elle nous tire à elle comme un lourd et puissant boulet au bout du bord du monde. On s'est peu à peu senties dépitées, bras flottants, les balançant dans tous les sens en en cherchant un, sans plus rien savoir du reste, juste les bras flotteurs.

    Méthodiquement, elle opère. Elle n'en perd pas une miette jouit, sans quitter son masque de douleur répulsif de ses bien intentionnés congénères, de sa création subtile inédite, que Grâce à Dieu Père du Kilimandjaro elle n'est pas seule à admirer. Elle fascine donne du plaisir par ce spectacle qu'elle offre, plaisir de la dissection curiosité inextinguible de sentir et palper jusqu'au plus petit rouage de l'appareil humain. Elle livre son corps à la science, magnanime.




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