lundi 8 juillet 2013

Inquisition ; miroir !

On a dit « Résiste et ne baisse pas les bras ! »
On a dit « Sois forte et respire ! »
On a dit « Ne laisse pas le Mal te rouler dans ses draps ! »
On a dit « Sois correcte et sage, la douleur se retire. »
On a dit « Si tu ouvres ta porte au péché, le Diable t’emportera. »
On a dit  « Si tu provoques le Ciel, c’est ton monde qui chavire. »
On a dit « Ne cède plus à ton désir
ou tu seras changée en rat. »
On lui a dit des choses, offert de beaux conseils, vendu le paradis. Ca lui a donné bon espoir, elle se sentait guérir rien qu’à l’idée d’être absoute.
Elle s’est réveillée chaque matin blanche de luxure et d’envie ;
pendant une semaine.
Elle était belle, une vraie femme digne respectable, à racheter.
Elle s’est enfin frémie valable vendable, vendalisable, violable.
Elle ne l’avait jamais été
au final.
Peut-être quelques mois au sortir de l’enfance.
Mais le rapace du désir l’avait rapidement prise sous son aile. Il faut le dire,
elle avait trouvé cela bien doux.
Elle ignorait
qu’on y crevait.
Peu à peu, elle s’est dégonflée de sa substance humaine.
elle a échoué comme une grosse baleine,
exclue,
sur l’île des âmes en peine.
Elle qui avait si bien commencé, voilà qu’elle s’était enfoncée au premier appât tendu. Et cela avait tourné en
dégrin-
go-
lade, s’embourbant toujours chaque nuit, chaque heure.
Ca avait été comme si elle rentrait dans un bon bain chaud imperceptiblement truffé d’acides létaux.
On ne l’avait pas prévenue. Elle ne pouvait pas deviner non plus ! Il paraissait bien confortable ce bain.
En revanche, on l’a tancée,
on a secoué l’index inquisiteur devant son nez contrit
on a serré sa bouche en cul de poule
on a concentré tout son visage vers son point central pour rassembler la force du verdict.
Elle s’est tout de suite sentie miteuse.
Elle s’est fait pitié.
Pleine d’avenir, elle s’est retrouvée recalée dans une encoignure pour les gens moisis,
tassés dans le péché. Avec de vieux clochards, avec les personnels du sexe, avec ses ancêtres débinés, tous ceux qu’elle avait relégués
au fin fond
d’un tiroir excentré de sa mémoire.
Elle s’est vue tachée, usée avant l’heure, traversée de nids de poule. Elle a été propulsée au cœur de ce qu’elle pensait ne jamais effleurer.
Elle s’est fait caresser
par l’amertume incestueuse des grands fauteurs, sourires entendus et clin d’œil absurdes.
Au début, elle n’a pas compris qu’elle était dûment punie.
Et puis, au fur et à mesure, elle s’est décollée
de sa paroi qui recelait plus qu’elle ne prévoyait.
Après bien sûr, il y a la pirouette demi-tour à effectuer dans les règles pour se replacer sur le bon temps précisément les yeux dans les yeux, orteils à orteils.
Ca n’est pas inné tout cela, mais enfin elle ne s’en est pas trop mal sortie. Au final, elle est restée bouche bée
comme un imbécile combattant, le poisson, qui se croit dur et fier, dressant bien haut sa crête et qui se découvre un jour déficient de la casaque ou vain du chapeau comme vous voulez, complètement plafonné.
Elle a vu Marie-Madeleine aux longs cheveux, ambassadrice du sexe.
En fait, plutôt un vaporeux cocktail de Ma-Ma (entre nous !) et Gainsbourg. Elle ne les avait pas rapprochés jusqu’à présent mais pourquoi as hein ? Une fois qu’on a lu Beckett, on est ouvert à tout. Rien n’est plus insensé après cela.
Donc, la voilà rigolarde, un peu penaude, cachée derrière la forêt en tenant le crachoir à
Marie-Madelaine Gainsbard.
Elle n’a pas su trop de quoi entretenir cette célébrité exigeante et fantasque. Elle s’est dit qu’elle ne devait pas être la seule. Elle en a oublié qu’elle se tenait tête à elle-même.
Elle aurait pu virer schizo ma parole ! Quand on a une tare, on les a toutes ! Sagesse zolienne censée commune.
Bon, mais heureusement rattrapée aux branches, métamorphose simiesque et elle s’est contenté d’être toxico. On ne peut pas tout accomplir dans une vie.
Toujours est-il qu’elle joint les mains, dorénavant, elle serre les fesses
et on la fouette.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire