mardi 9 juillet 2013

A bas le vieux !

Photo à l’appui, elle crache sur sa tombe, elle jure tous ses dieux, elle crie vers les cieux, bouche énorme ouverte sur les nuages placides, indifférents en fait.
Elle le tient haut et fort son cadre désincarné qui lui bout à la face et l’insulte en silence. Elle est furieuse, elle le brandit comme une croix blasphémée. Elle se délecte, se repose enfin de sa résistance absurde. Elle a tenté de reléguer l’hideux dans la benne à souvenirs.
Rien à faire ! Rien à dire ! Rien à chier !
Il revient et revient, donne la nausée tellement il tourne autour. Elle croit à sa magie noire et à ses incantations sur poupées invisibles alignées sur une étagère, bien rangées attendant leur tour de prendre possession.
Il fait semblant de rester impassible entre les coins de son cliché. Bien pratique le coup de la photo ! C’est pas moi ! C’est pas moi ! Paumes offertes au regard, comme si ça rassurait. Elles n’ont rien de plus innocent ces paumes, et franchement elles ne sont pas loin de paumées, et ça c’est inquiétant.
De toute façon, ça ne change rien puisqu’il est là et encore là à la mater avide, de son siècle passé. Il feint le terme libidesque.
Il se gourmande les yeux, le pervers en barbiche.
Le monocle sérieux le présente intello.
Que nenni !
Il la surveille et elle le sent tout le temps, partout avec elle. Même quand il ne bouge pas, il la suit au bout du monde, dans sa fumeuse montgolfière de richard.
Elle voudrait tuer son sang,
ne le devoir à personne,
trouver son miel à elle, sa ruche et son précieux.
Elle se retourne et là, trahit le fil des âges, au sécateur cruel.
Et la voilà liftée, lisse à la perfection, sans aspérités, sans boutons, peau de pêche.
Invisible et glissante.

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