Les yeux sont le miroir de l'âme, méditez cela mes chers enfants !
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, n'oubliez pas !
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, ah oui on ne peut pas mieux dire !
Larmichette à l'œil.
Ces mots et tant d'autres rabâchés remâchés étendard de la belle pensée qui se prononce s'articule et se montre, autrement dit qui se trahit et affiche sa grossière méprise.
On se coiffe valeureux, on s'arroge ces phrases qui dans les bouches du monde deviennent métalliques, insipides, on en tape du pied, bordel !
Ce ne sont que des sons au mieux quand vous les jonglez comme de vulgaires quilles ? C'est révoltant cette assurance de votre légitimité d'abrutis cultivés, missionnés pour enseigner à ces nains de jardin ignorants.
Au moins, ces petits-là savent ce qu'ils valent et ne courent pas après la gloire des Vénus Athéna qui engluent les Japonais comme du miel de mouche.
J'entends ces phrases et j'ai envie de beugler :
Alors, dorénavant, je plongerai dans la bouche des gens, vieux croûtons !
Alors, dorénavant, je me séparerai toujours de ceux que j'aime le plus, tu as entendu ?
Alors, dorénavant, j'affirmerai le bonheur inouï que fut mon enfance, pleine de sourire regarde-moi bien !
Parce que je ne vous crois pas,
Parce que vous mentez comme vous respirez saletés d'adultes,
Parce que vous faire confiance est une ineptie.
Et puis un jour, j'avais holocausté ces citations pompeuses émues naturistes sans vergogne, belle occasion de baver ses émotions.
Dans mon cerveau, les lettres doucement reprennent la forme ... Vade retro satanas ! Je ne suis pas une vendue moi !
Ma résistance s'ensable. Infaillible jusqu'alors ! Bup ! Comprends pus rien !
J'ai un haut-le-cœur. Je me croyais plus loyale.
Mais non, une de ces fameuses phrases revient, s'ordonne mélodieusement et me séduit, fille facile !
Ses yeux sont à l'étroit dans leurs orbites, ils pourraient tenir toute la place, trôner et être.
Ils sont nobles et purs, ils m'aspirent moi petite miette.
Je n'en dis rien.
Je reste coite.
Pas d'amour, ni d'admiration, ni de honte, ni d'incompréhension.
D'un truc
qui gèle
qui fouette les sangs
qui abrase tout
beaucoup plus fort que moi
qui m'enrage
et m'honore.
Moi qui avais toujours les mots pour tout. Rien n'est innommable, même la pire des souffrances ! Oui oui c'est ça ! On verra quand tu te coltineras à ce que t'admires, sale gosse ! Croient toujours tout savoir, z'ont même pas vu la mer !
Et je chantonne l'évidence ondulée de la vieille vérité assénée par-dessus des demi-lunes désuètes et des oreilles qui pendent grandies depuis sept décennies.
Le bougon adipeux et verru devient un grand-père fièrement ventru.
La femme mature qui lui tient tête n'est qu'une jeune fille blessée butée.
Le discours gris au goût de grenier remplit une case de mon échiquier intérieur.
Ils mirobolent ces yeux-là ! Comme s'ils avaient de l'esprit !
Qu'est-ce que je disais jeune dame ?
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