Ces deux-là discutent au coin d'un café parisien. La mère est une beauté agressive épanouie et impérialiste. Elle magnétise les regards qui viennent l'admirer dociles assis en tailleur dan son cercle, redevenus écoliers en à cartable et costume bleus. Elle pourrait être installée devant eux lascivement sur son bureau d'indigne enseignante assumée, se tortiller sexy. Elle affiche un sourire nébuleux et savant.
En face, elle est jeune et fanée, fade effacée, douce égarée. Elle laisse la génitrice régner, elle lui livre la place, elle ne peut pas lutter contre cette chaleur pas tant exubérante qu'ordonner, à respirer, à conspirer. Elle doit collaborer.
On les observe et elle serre le cœur la collabo, pendue au cou de la mère impitoyable. On se dit qu'elle est perdue, elle tire des larmes. Et même, c'est elle qui trinque la petiote ! Elle sort le chéquier et sa plume décalée.
Et s'opère le fameux changement de côté.
Elle dégaine l'arme qu'elle s'ignore, incluse en elle, qu'elle brandit si régulièrement et qui lui ouvre la voie. C'est à n'y rien comprendre. Elle sert comme d'habitude de dame de compagnie, de porte bagage, de vestiaire, de chien-chien à la reine de la ruche servile, toutes les têtes bourdonnent pour elle. Et puis, c'est comme si le vent tournait, c'est elle qui fait tourbillonner le monde, qui chausse sa belle robe de princesse, chasse la poussière et les mites qui l'entouraient joyeusement. Elle se rasseoir en elle, enfin stable sur ses hanches, entière et nécessaire. On est émerveillé par l'araignée mal épilée, recluse derrière ses vieilles toilettes humides de salle de bain désuète. Elle a dégaine l'arme : a déposé son corps et appuyé son bras, la main d'or a surgi. Son homologue moustache, le Capitaine Crochet, bave devant cette sublime difformité. La peau blanche diaphane de la jeune fille prudente devient un serpent brillant qui ondule parmi les ternes humains. On est forcé de reprendre son souffle devant trop d'éloquence. La main dévoilée, sortie de son tunnel, doré le corps à son tour et renverse le réel comme un gant ou un poteau de jeu, échecs/petits chevaux, digne/populo échevelé. Ou le pull double face.
La métaphore se perd avec le scotch.
Et le monde lui appartient jusqu'à minuit et Cendrillon. Elle écrit, fait danser l'encre et ses folies. Ceux qui honoraient l'autre sont à ses pieds, brûlent de baiser cette main et ses doigts qui maîtrisent l'univers. Elle leur fait dire faire et devenir ce qu'elle a décidé, la main d'or agile volète à la surface de l'atmosphère. Elle est le vrai tyran de l'univers, versatile, ignorante et sublime.
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