Ça s'annonce comme une nouvelle vie.
Comme si j'avais grandi, comme on croit que ça va être le jour de son anniversaire de ses sept ans où tous les adultes vous rabâchent que vous avez enfin l'âge de raison, vous êtes un "grand", du haut de votre mètre et quelques centimètres qui l'accompagnent encore discrets.
comme si la nuit avait avalé ma frilosité, ça y est, y a plus ! On a changé de page.
comme si tout ce que j'avais laissé à la lisière de mon désir pendant le jour, tout ce qui me tient hors mort et qui courbe l'échine sous mon veto obsessionnel, tout ce qui me réchauffe la poitrine qui prend alors de l'ampleur, qui me fait peur ! Et si elle éclatait ! Elle le pourrait tant elle est pleine. Toute cette ardeur a patiemment attendu l'évident moment du songe. Elle a attendu et elle s'est encore nourrie de cette attente, gentiment assise, dans les starking blocks. Une fois, la clôture déchirée par mes paupières baissées, elle a pris place majestueusement et a parlé, parlé, parlé tout son saoul. Elle se réveillera amoureuse ! Je m'en occupe ! Elle va comprendre qui commande ici. Pauvres humains sûrs de leur fait.
comme si je m'étais perdue dans les méandres de mon histoire, pétrie dans tous les sens des années vécues jusque là.
comme si on brandissait un miroir limpide sur mon visage les poings liés derrière les barreaux de la chaise. Prisonnière et enfin libre, obligée par mes envies de retour triomphantes tuées dans l'œuf sadique et fière de moi.
comme si j'entendais cette voix comme mon ombre :
"lâche cette laisse !"
comme si anesthésiée à cœur ouvert pendant des heures, on avait cousu de phrases en phrases le précieux contenu de la corbeille, consciencieusement jeté.
comme si on m'avait découverte du plus profond
et que j'en ressortais plus solide que jamais, enfin sur mes deux pieds, tout le monde à sa place.
Cette nuit, j'ai aimé comme jamais je n'oserai.
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