jeudi 14 décembre 2017

Oppresseurs ordinaires

Un air de princesse offensée,
de madame offusquée,
les yeux au ciel,
le corps dit merde.
Et va te faire tout ce qu'on peut.
Elle se dresse comme une
muraille de Chine.
Mais quand tu recules un peu,
tu vois qu'elle s'érige au milieu
d'une sacrée banalité
quotidienne,
des maisons,
des jardins,
des chiens aux barrières,
des vaches aux champs.
Une ridicule muraille de
Chine
fière à la voix de stentor,
qui jure avec le paysage
et se cabre seule,
rue dans un placard,
se révolte
contre une petite brise
bienveillante.
Comme la grenouille se prend pour
le bœuf.
Comme une souris qui croit qu'elle
va accoucher d'une
montagne.

Tu sais bien ces gens qui
te
ferment des portes
au nez.
Ils te les claquent
le plus souvent.
Et ils te claquent tes propres
portes
au nez.
Ils rentrent sur ton territoire
sans aucune permission,
ils ne la demandent pas de toute
façon,
ils s'arrogent le
droit de,
et toi,
connard,
tue les laisses faire,
au début du moins.
Il sont tellement sûrs.
Ils savent tellement bien.
Tu les laisses conquérir ta
terre,
une énorme et
grotesque muraille de
Chine en plein cœur de
ton jardin
modeste et
réaliste.
Tu peux en rire,
bien sûr.
Il faut en rire,
te dit-on,
bien sûr.
Facile à dire.
Toi,
bien plutôt,
tu t'y coltinerais
et lui hurlerais dessus
toutes les imprécations
connues
de toutes les fois
du monde.
A toi de te changer en Hulk,
de croire à tes
pouvoirs et de
l'éjecter de
ta terre.
Un de ces gens qui
envahissent,
colonisent
si tu
ne les fais pas
chialer.
Un de ces gens
indécrottables
que tu crois bien plus
forts que toi,
qui s'avèrent
bien souvent
de verre,
mais incapables d'admettre la
fragilité
humaine.
La leur leur fait
horreur
et ils ferment dur
les yeux
pour s'élever devant les autres,
menteurs patentés,
faisant croire à leurs
gros bras
qu'une pichenette
bien sentie
finalement
brisera mille fois.
Alors,
ces gens-là qui tiennent tes portes
et s'installent
chez toi
comme des voleurs,
que toi,
inconséquent,
tu laisses faire
pour voir,
parce que tu prends le temps
de,
sors ta colère
et vomis-la.
Tu verras la muraille de Chine
qui joue la grande prêtresse
s'effondrera
dans un minuscule
tintement
de
vaisselle.
Sur la grande porte d'accueil,
écris :
« Entrée interdite aux gorilles gueulards malvoyants.
Passage au miroir obligé. »


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