Rassurant de ne pas se sentir impuissant, ce qui n’implique pas nécessairement, entendons-nous, que nous ne sommes pas impuissants. Mais le tout est dans l’impression. Parce que si l’on comme à se demander ce dont on est capable, on en arrive à se demander à quoi l’on sert et la réponse est toujours RIEN bien sûr. On n’y pense pas. Ça ne sert à rien même si parfois, je crois que cela ne fait pas de mal mais c’est là un choix qui appartient à chacun s’il a la chance de ne pas être confronté à la mort. Alors on agit, réagit, surréagit et l’on se sent fooooooorts, pas comme des dieux mais l’on aimerait bien au fond. Tous. Ne nous mentons pas. Qui accepte avec douceur et sans efforts sa condition d’impuissant humain en marche vers sa mort ? Qui le peut sans être fou ? Le grand sage oui, mais après quel énorme labeur de connaissance et de maîtrise de soi ? De respect aussi. Mais ce n’est pas accessible à tous et heureusement d’ailleurs sinon sans doute, le monde manquerait de bêtises et de rires.
Autre avantage :
Occupe l’esprit, évite de trop penser. Les mots de notre époque aussi ceux-là : Te prends pas la tête allez ! Ce qui induit : agit et avance. Dirige ton esprit vers ce que tu fais puisque tu es ce que tu fais. Ne t’arrête pas, la course continue, ne cesse jamais d’ailleurs, ne t’arrête pas où tu perdras et n’obtiendras pas la moindre récompense. Cours, cours, au pire marche, mais ne t’assois pas, ne pleure pas ou alors en silence sans un seul souffle sur le bas-côté. Ne t’extasie, ne t’émerveille, ne contemple pas, tu perdrais ton précieux temps. En réalité, le temps qui te conduit vers la fin. Et soyons vraiment honnêtes, la vitesse que tu y mets n’y changera rien. Elle t’évitera sans aucun doute et efficacement, c’est certain, l’angoisse de ta condition de prédateur impuissant.
Et alors, où sont passés le doute et l’hésitation ? Le temps de décider, de peser, de soupeser, de penser, tout simplement ? Où sont-ils ? A l’université oui, et encore... Et puis, une fois sortis, nous oublions ce temps à prendre et nous nous jetons dans le tourbillon qui nous fait penser si bien appartenir à cet univers. Peur d’en être exclu par une quelconque lenteur, par un autre rythme qu’effrénée. Le lent n’a pas sa place. Il est moqué. Mais il pense et ne se jette pas dans la gueule de tous les loups qui se dressent sur son passage. Pour ensuite, ne pas en tirer de leçon qui plus est. Pas une leçon d’écolier. Une leçon de vie. Mais voilà des mots qu’on n’ose pas dire, trop solennels, trop intellos, certains trouvent moralisateurs. Sauf que si l’on ne se repose pas d’agir, on n’apprend rien. Et non seulement on n’aura servi à rien car sans nous, le monde tournerait tout aussi bien ou mal, tout dépend du point de vue, mais on ne se sera servi à rien, même à soi-même, même à nos aimés.
Douter, hésiter, différer, en suspens, patienter, doucement, lentement mais sûrement. Je ne parle pas d’un obsessionnel ou perfectionniste qui recule devant tout concrétude. Je parle de ne pas se jeter sur le palpable à tout bout de champ, de ne pas avoir à serrer dans ses bras l’objet du moment, qui appellera le prochain dans un petit mois. Je parle d’observer, bien sûr toucher en fait partie, manipuler, sans les mains serait inhumain, tourner en tout sens, et analyser les différents éclats, reflets, sensations. Je parle de chercher avec les yeux, les oreilles, les neurones et tout ce qui peut servir, même de moins évident, le nez, la langue, les viscères. Je parle de ne plus courir, de s’assoir en tailleur et de douter, de tout remettre en question, sans en crever ! Putain sans en crever ! Oui ça fait peur ! Oui ça fait mal ! Mais quand les questions se jettent sur vous en une horde de chiens affamés, sauvages désormais car abandonnés à leur propre sort, de votre fait, n’accusez personne d’autre, cela ne vous rendrait que plus vains et malhonnêtes, que vous avez laissés derrière votre course infinie ; quand elles vous exploseront à la face, les crocs découverts, grandis avec les années de privation, grognements avides voraces de crève-la-faim, juste cause à laquelle vous ne pourrez que vous soumettre, vous pleurerez sans doute ou pas, sur les pauses que vous n’avez pas faites pour relever la tête, tourner le regard alentour et vous assoir en tailleur pensivement. Je ne souhaite pas de souffrance à mes congénères. Bien sûr que non. Je leur souhaite que la horde ne les rattrape jamais. Mais il ne me semble pas que cela soit probable. Mieux vaut prévenir que guérir, vieil adage mais moins intéressant de par son âge, vieux et non vieilli, la différence est de taille !, et prévenir laisse apprendre d’autant plus puisque l’imagination s’en mêle aussi. Il n’est pas question de s’inquiéter de tout. On croit souvent que trop penser apporté les maux. Putain mais merde ! Il n’y a pas de trop penser ! Cela n’existe pas. Comme il n’y a pas de trop aimer ! De trop gentil ! Des trop bon ! Putain de non ! Il y a des déviances, des mal aimer ! Des faux gentils ! Des bons-émissaires ! Mais pas de trop ! Le mot n’est pas celui-là. Il n’y a pas de limite à ces choses-là. Il y a des stratégies foireuses. C’est tout.
Alors, hésitons, doutons, interrogeons, cherchons, trouvons aussi, pas des vérités implacables, des vérités du moment qui font du bien et qui font sentir vivant. Mais pour se sentir vivant sans course-fuite, il faut écouter et entendre toutes les versions du monde, c’est impossible je sais, simplement envie d'y croire..., pour entendre donc de multiples versions du monde, il faut les débusquer là où l’on ne veut pas lâcher ses certitudes et continuer de courir les bras pleins de ce qui nous «appartient » et nous remplit, 30 jours durant.
Hésitons !
Patientons !
Agissons !
Pensons !
Vivons !
Et rions !
Tu es ce que tu doutes.
Tu es ce que tu penses.
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