Les
gentils,
placides,
sans
pic brûlant ni glacial,
ceux
qu'on appelle
les
vrais gentils.
Certains
disent
avec
une assurance déconcertante
« il
a un bon fond ».
Comme
s'ils pouvaient y voir quelque chose
du
fond
de
la personne
ou
même que ce qu'ils voyaient
était
le fond.
Ils
croient,
c'est
cela j'ai trouvé la clef du mystère !
voir
le fond dans
la
patience
et
le flegme
apparents.
Apparents
putain !
Ce
ne sont que des apparences.
Le
fond n'est qu'un énorme magma
informe
pestilentiel
mauvais
bon stupide génial fou clair menteur droit tueur ange et rien
parfois, aussi.
Le
fond n'est qu'à l'image de ce qu'on
refuse
de savoir qui
habite
nos
intestins :
de
la pure et simple gerbe.
Elle
révulse et pourtant,
sans
doute est-elle la plus proche
métaphore
de notre
fond,
s'il
existe,
si
l'on veut vraiment qu'il.
Les
gentils
ceux
qui ont si souvent
entendu
« Fais
attention,
trop bon trop con ! »,
trop bon trop con ! »,
ils
endorment
votre
votre
vigilance.
Pas
de manipulation sadique là-dessous,
pas
d'intention autre que d'éviter
l'animosité
qui
leur
déplaît plus que tout
et
disons-le en toute franchise,
les
fatigue.
La
guerre est épuisante.
En
gentil,
on
est bien plus au calme.
Quoi
qu'il en soit,
ils
endorment la vigilance,
les
gardes au haut des miradors
s'affaissent
sur leurs armes
et
se recroquevillent de sommeil.
Ils
ne servent de rien.
Ils
n'ont pas peur.
Ils
ont raison ;
On
a raison.
Les
gentils,
les
vrais n'est-ce pas !,
pas
les fous furieux psychopathes qui jouent aux marionnettes avec leurs
pairs
qui
n'ont rien de pairs,
ils
sont seuls au monde,
n'aiment
personne que leur mère
qu'ils
n'ont toujours pas retrouvée,
pauvres
chatons !
Bref,
les
vrais gentils,
et
rien à voir avec le mauvais ou bon fond,
les
actes et les mots,
les
silences aussi,
ils
savent faire le silence,
eux,
engeance
exceptionnelle de cette société jacassière,
une
immense basse-cour qui se prend pour une académie de génies,
les
actes et non-actes parlent d'eux-mêmes.
Ils
ne suscitent pas souvent
une
grande admiration.
Ils
ne courent pas après même si
comme
tout un chacun,
aussi
humains que les autres,
ils
en jouissent quand elle
arrive.
Mais
seuls,
sans
public,
car
la pudeur est une constante presque
immanquable
chez ces gens-là.
Elle
s''amenuise avec l'âge et les lauriers ne font alors plus
peur.
Les
gentils,
moqués
parfois,
méprisés
aussi,
par
les stratèges à longues dents.
Chacun
peut choisir sa ligne de conduite,
quoi
que,
choisir
est un bien grand mot,
la
part de choix dans une destinée semble bien minime
comparée
à l'immensité des déterminations de
tout
ordre.
Mais
ne le dites pas,
l'homme
serait offusqué de se rappeler
ou
de comprendre pour certains,
qu'il
n'est lui aussi qu'un
animal.
L'humilité
n'est pas la qualité la mieux partagée
Monsieur
Descartes,
celle-là
non vraiment non !
Nos
gentils,
le
mot n'est pas une insulte comme
on
le croit parfois,
prononcé
avec condescendance,
anesthésie
et
range les crocs et les griffes.
Mais
gare à vous quand... !
Gare
à vous
quand
le gentil en a trop avalé,
que
les couleuvres ne passent plus,
plus
de digestion possible
à
l'horizon,
quand
il a souri et laissé passer,
quand
vraiment il s'en fichait
mais
le stoïcisme a ses
limites.
Gare
à vous,
quand
le gentil se mettra à
trembler,
quand
les sourcils se fronceront,
quand
vous ne reconnaîtrez plus
le
visage familier,
amène
et accueillant,
qu'il
se refermera sur vous,
ou
sur l'autre,
vous
ne pourrez rester stoïque
à
votre tour.
Gare
à vous,
quand
le gentil lâche les chiens,
quand
il ne tient plus les nerfs,
quand
il devient le colérique qu'il
cache
souvent
tout
au fond,
honteux
et implacable avec sa propre
rage ;
quand
il montrera ses crocs
et
sortira ses griffes.
Gare
à vous,
car
tous les filtres seront
tombés,
car
sa pensée la plus vraie
vous
explosera en plein cœur
et
l'hésitation ne sera plus de
mise,
ni
aucune retenue.
Le
noyau dur vous sera jeté
de
toutes ses forces.
Gare
à vous,
car
il vous dira
ce
que vous ne voulez pas
entendre,
pour
rien au monde,
peut-être
que vous vendriez père et mère,
ce
que vous fuyez chaque jour que vous vivez,
en
agitant toutes vos
magnifiques
compétences.
Il
vous dira
ce
qui vous mine.
Il
vous dira que vous n'êtes qu'un animal
parmi
d'autres
et
le seigneur d'aucun royaume.
Pas
d'humiliation à craindre.
Juste
le principe de
réalité.
Sans
plaisir, oui,
pour
cet instant.
Et
il dira un mot
qui
vous fera fondre en larmes,
un
seul mot,
debout
et les yeux flamboyants,
pas
de haine mais de rage,
oui,
celle-là
même dont il vous protège
jour
après jour.
Vous
qui jamais ne pleurez et
vous
en vantez comme d'une
virilité,
vous,
moi, nous,
tous
autant que nous sommes,
femmes
aussi bien qu'hommes,
pas
de discrimination sur ce point,
pleurer
sur autre chose qu'un mort ou en enfant malade
est
une infirmité.
Vous,
moi, nous tous,
serons
abattus d'un mot,
d'un
seul,
celui
qu'il faut,
précis,
dans
le mille.
Gare
à nous
et
nos œillères,
arrachées
en un claquement de langue,
une
syllabe ou deux.
Gare
à nous
et
à la machine de guerre qui
sommeille
dans le
« bon
fond »
du
gentil.
Trop
bon trop con n'existe pas.
Le
vrai gentil
hurlera
un seul mot,
cognera
une seule fois,
et
tous à terre,
plus
jamais nous n'oserons
oublier
que l'autre
est
un mystère,
un
monstrueux secret
à
respecter
coûte
que coûte,
jusqu'au
bout de ce qu'on pense
mesquinement :
la
faiblesse.
Le
faible est mort avant de naître.
Nous
sommes tous des survivants.
Gare
à la rage du gentil.
Elle
vous terrassera.
On
verra alors
qui
sera
trop con.
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