mercredi 3 janvier 2018

Les cerbères intra-tripes

Lâche prise !
Décroche !

Ils ne croient pas si bien dire.

Lâche proie.
Décroque.

Voilà la réalité qui se cache derrière
un sourire
bien appris,
sagement brandi
à tout bout de champ.


Ils disent
qu'il ne faut pas
qu'on ne doit pas
qu'il n'y a qu'à
catapulter
décadenasser
et
décaniller
cataclismer
en liberté.
Catastrophe pour les normopathes.
Délectation pour les classiques névropathes.

Mais mais !
Il faut savoir à qui l'on parle,
quand on.
Parce que
derrière,
un sourire
bien appris,
sagement brandi
à tout bout de champ,
peut grogner
dans sa muselière
un vrai cerbère.
Complètement inattendu.
Complètement maquillé
et tu.
Mais vivant.

Alors,
le slogan de l'époque :
« lâcher prise ! »
« laisser exprimer votre être profond ! »
et tout le tralala expéditif,
recuisinons-le
chacun à notre sauce.
Remettons-y notre grain de sel,
propre et unique.
Car Cerbère ne ferait certainement pas
bon ménage avec le monde
des
vivants,
si normophiles,
quand pas tout à fait
normopathes.

Alors pesons nos mots quand
un « Relax ! » nous échappe,
un « Cool ! »,
un « Zen !
Car je peux,
en connaissance de cause,
vous dire
qu'un Cerbère attend
son heure
au cas où,
sait-on jamais,
au creux de mes tripes.
On dit « Apaise-toi ! »
mais la rage qui bave aux lèvres des trois
têtes du gardien carnivore
leur est
tout à fait
inconnue.
Ils ne savent pas
et prévenir ne sert de
rien.
On ne croit pas à la suprême qualité
d'un masque.
C'est la vraie seule vraie, me dit-on.

Alors j'en conclus,
avec déception,
mais certainement pas pour la première
ni pour la dernière fois,
que mes plus proches ne me
connaissent pas,
n'ont pas compris,
n'ont pas du tout compris,
entendu
le fond de l'être,
même avec des mots.
Je suis déçue
sans être surprise.
Je pense à lâcher non pas prise
mais la bête.
Et mes plus chers
mesureront
l'ampleur de
ma fureur.

Quelques-uns,
trop perspicaces,
trop intelligents,
il ne fait pas bon être un surperformant,
ont vu et senti.
Ils disent des mots
qui résonnent juste avec
le brasier interne,
se délestant en quelque temps
de l'apparence
sociale.
Sourire.
Ils disent sans filtre
la brutalité
que j'essaye en vain de
dompter.
Ils la connaissent de
l'intérieur,
tout simplement.
Les colériques chroniques,
avec de jolis mots.
Les enragés invétérés.
Dans de beaux draps
qui font trop
croire.
Qui leur corsètent la gorge.
Et qui leur sauvent les miches.
Aussi.




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