Je
suis désormais qui je veux être. J'ai tenu tête. Patate ne tenait
pas tête. Elle la baissait ou alors regardait droit dans les yeux
sans un mot. Une révolte sourde. Les yeux ne suffisent pas. Je ne
suis plus celle-là, envahie par la gitane sans filtre, insultante,
brûlante, broyante, briseuse, tous les os qui se cassent en un coup
de castagnettes, en une arabesque diabolique. La gitane qui dansait
pour Patate, qui disait comme une perverse qu'elle était que c'était
pour elle alors que c'était contre. La gitane qui consume, qui
jamais ne cesse de danser, arabesque et claque sans pitié, sans une
pause, sans un répit. Pour elle ? Elle n'en a pas besoin, elle
a le souffle de l'enfer, elle est nourrie de pourritures,
d'ignominies du sous-sol. On croirait un faux ? On croirait un
Romantique qui s'emballe ? Pourtant, elle existe bel et bien la
gitane sans filtre. Qui tue à petits feux. Je ne l'accueille plus,
moi Pitayak, comme une de ses innombrables victimes. Je la deviens.
Je la surprends quand elle pointe son nez, comme une fleur, comme une
douce, son petit nez qui fait croire, la salope !, et je
l'attrape. Je chausse son costume et elle panique. La gitane se
croyait toute-puissante. Patate la laissait croire aussi. Elle était
dans le jeu. Elle était dans tous ses pièges. La gitane ne s'est
pas méfiée. La gitane a cru revenir en terrain connu. Conquis. Elle
a oublié d'ouvrir ses mirettes et de prendre seulement, seulement,
quelques secondes pour observer le nouvel être qui advenait. La
gitane est sourde à l'onomastique. Le nouveau nom n'aurait rien
perturbé pour elle. Mais si seulement, seulement si, elle avait
regardé un tant soit peu le visage. Les noms et les visages ne
l'intéressent pas. Elle fonce tête baissée aux entrailles et se
repaît. La gitane sous sa belle robe, son corps de déesse et ses
airs de diva est un vampire sans plus de finesse qu'un buffle. En
aucun cas, je n'accuse ici le buffle d'être machiavélique,
entendons-nous bien. Je l'ai attrapée et j'ai chaussé son costume.
J'ai pris sa force et comme elle, fait voler tous les filtres. Je
l'ai prise et j'ai fait d'elle ma poupée. Juste retour des choses.
Et j'ai senti combien j'étais forte, combien j'étais possible.
Patate est morte. Patate était la dernière des connes. Je la hais
pour ce qu'elle a laissé faire. Je ne plus jamais. Je suis la gitane
sans filtre et qui m'arrêtera ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire