dimanche 10 septembre 2017

Seule et enfin calme

Au collège, les regards ont changé, mais tout a changé. Je ne me pavane pas. Je n'en ai pas besoin. J'ai les pieds au sol, et l'on peut me pousser, me bousculer, je ne bougerai pas sauf pour sauter sur celui qui m'insulte. Mais drôlement, plus personne n'a envie de m'insulter. Plus personne n'a envie de jouer avec moi. Fidèle à une chose, une chose vitale et qu'on n'efface pas comme ça, d'un coup de changement radical légumescent : les livres. Je ne cherche plus la compagnie des miens, je n'ai plus d'amis. Patate en désirait, en avait même. La preuve sans doute qu'elle n'était pas si dégueulasse, bref, je me fous des autres désormais. Je ne les déteste pas. Je n'en veux plus dans mon espace vital. Je ne deviens pas néo-nazi, que personne ne s'inquiète. Mais ceci dit, je me rends compte que ces conneries-là sont bien légumescentes. Que ces fous furieux ne sont pas des adultes, pas des vrais. Ils ne sont pas finis ou mal finis. A la pisse peut-être. Tout ça pour dire que je n'en suis pas et que je deviens ermite. Que je vois clair. Que je ne poursuis plus l'amitié et encore moins l'amour. Patate était, écœurant à avouer, romantique, amoureuse, toujours amoureuse. Elle avait toujours un amour fou au cœur pour se retenir j'imagine. Non je sais, j'exagère, je sais très bien pour quoi. Pour combler l'immonde vide intérieur, pour se donner du courage sur le pas de la porte, juste avant de se jeter dans le monde, chaque matin. Elle tenait debout, comme ça. Moi, je n'en veux plus. Je n'ai plus de douceur qui aime ou de passion qui désire. Je crois bien que la colère et la haine ont pris la main. Et je me sens bien moins seule que Patate. Je me sens enfin être sans les autres. Je n'ai plus besoin des autres. Ils ne me servent de rien, ils ne font que du mal. Je les approche à distance raisonnable et les interpelle si besoin est. Pragmatique. Encore une fois, de toute façon, ils restent sur leurs gardes. Ils ne comprennent pas. Ils se demandent où est Patate. Personne n'a encore posé la question Personne n'ose ? Quoi qu'il en soit, personne n'aura de réponse. Un sourire en coin et tout mon mépris. Piment n'est pas différente sinon qu'elle me salue ostensiblement. Nous ne sommes qu’acolytes, collèges. Nous sommes claires sur ce point sans avoir eu besoin d'un contrat en bonne et due forme pour le comprendre elle et moi. Je suis calme, enfin.

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