dimanche 17 septembre 2017

Parfois, en jours d'angoisse et dissonances, accord parfait et sa magie

Jours d'angoisse :
montagnes russes,
projetée d'un coup au fond du canyon,
remontée en une phrase pleine de cœur
sur le banc des vivants ;
Poitrine creuse serrée sans le moindre besoin de
corset pour étouffer tout cela,
l'étouffement se fait seul ;
le palpitant prend toute la place
et les poumons halètent en courant derrière le convoi déjà
loin.
Jours d'angoisse :
beaucoup de silences,
beaucoup de retenue,
malgré l'envie prégnante
de vomir des tas de mots,
d'expliquer tous les détails,
de parler parler parler
jusqu'à plus soif,
de se dégager les bronches embourbées.
Mais ce serait un peu fou,
ce serait aussi
indécent
ou
inutile.
Le plus souvent.
La vie normale n'est pas d'un flot de paroles qui soulage.

Arrivent le bon moment et la bonne personne et
les langues se délient.
La sienne d'abord parce que la mienne est
nouée,
pour ne pas se répandre
et tournoyer dans tous les sens,
tout révéler,
tout avouer.
Elle ne doit pas et je la maîtrise
coûte que coûte.
Le prix est cher.
Mais il n'y a pas le choix.
J'en ai fait mon affaire.
La bonne personne amorce l'échange,
le même langage,
d'un coup,
celui qu'on retient depuis des jours
pour ne pas déborder
et ressembler à une grosse larve geignarde,
comme les ancêtres
auxquels on
est si semblable
parfois.
L'atavisme a ses lois.
Je m'y plie,
mais je ne les laisserai pas me terrasser.
Je les accepte pour mieux en faire mon miel.
Le jour viendra.
La bonne personne au même langage,
aucune traduction à opérer,
aucun masque à chausser.
Atteint directement le vif.
Je suis surprise,
je reste coite.
Je ne sais pas quoi dire.
C'est rare
désormais.
Je virevolte et pirouette
habilement
avec les années.
Là, me voilà silencieuse,
gênée,
et je n'attendais que cela,
ce langage-là.
La bonne personne au bon moment
ne s'arrête pas.
Elle sait,
elle a vu dans mes yeux et mon sourire,
je lui ai dit
que c'était exactement cela
dont j'avais besoin.
Elle aussi,
la rencontre pure.
Alors on parle, on parle,
et on s'écoute.
Tous les deux,
dans un confort total, douillet
et la douleur s'apaise car l'angoisse cède sa place aux mots,
aux sentiments,
aux phrases qui n'en finissent pas,
aux émotions sans fard sans défense.
L'on partage,
là à ce bon moment avec cette bonne personne
exactement
le même univers,
là,
peut-être pour une seule fois,
peut-être pas,
mais l'on ressort nourri,
les yeux brillants
ni d'amour ni de larmes,
les yeux brillants de
vie retrouvée,
inattendue,
au coin d'un soir.

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