Jours
d'angoisse :
montagnes
russes,
projetée
d'un coup au fond du canyon,
remontée
en une phrase pleine de cœur
sur
le banc des vivants ;
Poitrine
creuse serrée sans le moindre besoin de
corset
pour étouffer tout cela,
l'étouffement
se fait seul ;
le
palpitant prend toute la place
et
les poumons halètent en courant derrière le convoi déjà
loin.
Jours
d'angoisse :
beaucoup
de silences,
beaucoup
de retenue,
malgré
l'envie prégnante
de
vomir des tas de mots,
d'expliquer
tous les détails,
de
parler parler parler
jusqu'à
plus soif,
de
se dégager les bronches embourbées.
Mais
ce serait un peu fou,
ce
serait aussi
indécent
ou
inutile.
Le
plus souvent.
La
vie normale n'est pas d'un flot de paroles qui soulage.
Arrivent
le bon moment et la bonne personne et
les
langues se délient.
La
sienne d'abord parce que la mienne est
nouée,
pour
ne pas se répandre
et
tournoyer dans tous les sens,
tout
révéler,
tout
avouer.
Elle
ne doit pas et je la maîtrise
coûte
que coûte.
Le
prix est cher.
Mais
il n'y a pas le choix.
J'en
ai fait mon affaire.
La
bonne personne amorce l'échange,
le
même langage,
d'un
coup,
celui
qu'on retient depuis des jours
pour
ne pas déborder
et
ressembler à une grosse larve geignarde,
comme
les ancêtres
auxquels
on
est
si semblable
parfois.
L'atavisme
a ses lois.
Je
m'y plie,
mais
je ne les laisserai pas me terrasser.
Je
les accepte pour mieux en faire mon miel.
Le
jour viendra.
La
bonne personne au même langage,
aucune
traduction à opérer,
aucun
masque à chausser.
Atteint
directement le vif.
Je
suis surprise,
je
reste coite.
Je
ne sais pas quoi dire.
C'est
rare
désormais.
Je
virevolte et pirouette
habilement
avec
les années.
Là,
me voilà silencieuse,
gênée,
et
je n'attendais que cela,
ce
langage-là.
La
bonne personne au bon moment
ne
s'arrête pas.
Elle
sait,
elle
a vu dans mes yeux et mon sourire,
je
lui ai dit
que
c'était exactement cela
dont
j'avais besoin.
Elle
aussi,
la
rencontre pure.
Alors
on parle, on parle,
et
on s'écoute.
Tous
les deux,
dans
un confort total, douillet
et
la douleur s'apaise car l'angoisse cède sa place aux mots,
aux
sentiments,
aux
phrases qui n'en finissent pas,
aux
émotions sans fard sans défense.
L'on
partage,
là
à ce bon moment avec cette bonne personne
exactement
le
même univers,
là,
peut-être
pour une seule fois,
peut-être
pas,
mais
l'on ressort nourri,
les
yeux brillants
ni
d'amour ni de larmes,
les
yeux brillants de
vie
retrouvée,
inattendue,
au
coin d'un soir.
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