dimanche 10 septembre 2017

Je n'oublierai pas ceux qui délivrent

S'enserrer,
s'enrouler,
se nouer
aussi fort qu'un marin,
sans doute pour
aussi
s'envelopper,
se réchauffer.
S'astreindre,
rapetisser,
se ramasser,
à coups de
nœuds
auxquels on croit dur
comme fer.
Il a fallu.
Question de survie.
Mais le cocon
est devenu
prison.
Il entaille
désormais
la chair,
au lieu de
la caresser.
Je me débats
et les nœuds
encore davantage
crispent.
Je perds mon souffle,
je m'énerve,
je finis par
enrager,
ouvrière de ma
salvatrice
prison.
Et je me tais.
Les nœuds appellent
mon silence.
Je sais déjà.
A quoi bon
dire ?
A quoi bon
gâcher ?

Mais une déception de
trop,
une lame au cœur
fichée comme
il y avait longtemps que,
et je m'effondre,
comme une merde
molle.
Je laisse les nœuds
serrer.
Je n'ai plus envie.
Reste à parler,
cette fois.
Et les douves qui
m'encerclent,
de honte et de peur,
me sont
indifférentes.
Je me mouille.
J'appelle à l'aide.

Surgissent alors
les imprévus,
les improbables,
qui pourtant ne se sont
jamais cachés.
L'ambition et les rêves,
bannis depuis
des décennies.
Ils reviennent en
conquérant,
frais comme des
gardons,
ils n'ont pas pris une
ride,
ils ont médité
vingt ans.
Et les amis,
les amours,
qui écoutent
avec leurs oreilles
et âme
d'éléphant,
et qui soulagent.
Qui eux savent
dénouer,
habiles,
qui savent depuis toujours,
et qui dansent
à pleines mains
avec l'ambition et les rêves.
Les aimants
qui
s'enfoncent
dans la douve,
sans aucune frayeur
ni hésitation
et ouvrent le
chemin.
Je ne voyais qu'un horizon
lourd,
normand,
brouillé et pluvieux,
lent comme un dimanche.
Les aimants
disent :
« Regarde là-bas,
on t'attend.
C'est pour toi
et défais-moi ce sac de nœuds
bordel ! »
tout en me tournant autour
et tirant sur toutes les
bonnes ficelles.
« Regarde,
tu t'y es presque.
Laisse-le s'approcher aussi.
L'horizon est un
fuyard,
peureux.
Amadoue-le et espère.
Puis crois-y
et fais confiance. »
Et d'ajouter,
avec ou sans paroles :
Ne nous lâches pas
en route
hein !?
Je ne suis pas une
ingrate
enfin !
Terriblement rancunière ?
Oui, aussi fort que
reconnaissante.

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