mercredi 20 septembre 2017

L'heure de la vengeance

Poisse sort enfin, je suis sur les dents. Non je n'ai pas mangé depuis quelques 20 heures, c'est vrai et cela nourrit sans doute mes faim et soif de vengeance. Mon corps s'est mis au diapason de mon esprit. Ils agissent de conserve. Moi qui ai toujours cru qu'ils n'avaient aucun atome crochu... Je me rends compte aujourd'hui combien ils jouent en paire. Je m'en rends compte mieux que jamais. Je suis une et entière. Pas de sans queue ni tête ni de trinité judéo-chrétienne. Il n'y a qu'un être et un mouvement. Tout ce qui m'appartient en propre y participe. Je ne respire pas bien. Je suis trop excitée pour respirer calmement. La méditation n'est pas pour tout de suite. Je suis Poisse sur quelques rues. Je ne lui saute pas dessus d'emblée. Je ne sais pas pourquoi. Je dois d'abord la suivre. Elle sentira ma présence et moi la sienne. Je me prépare. L'appréhension ? Je n'en suis plus là. Une question de rythme.
Je finis par l'alpaguer. Elle se retourne surprise de me voir moi. Non qu'elle ait bien senti une présence depuis quelques minutes mais sûrement n'était-ce pas moi qu'elle attendait. Elle est rassurée un instant puis perçoit quelque chose que moi-même je ne contrôle pas et qui la fait écarquiller les yeux. Je ne cherche pas à comprendre. Encore une fois : je n'en suis plus là. Je me fous de comprendre.
Je la regarde une mini-seconde. Je ne peux plus me retenir. Je la frappe de toutes es forces en plein visage. Une énorme patate que la prénommée telle n'aurait jamais, ô grand jamais même supposé possible. Poisse branle sur ses jambes et tombe à genoux. A genoux ! Je ris de cette ironie du sort. A genoux, sans un mot. Poisse est sidérée. Ses yeux sont d'immenses soucoupes d'héroïne de dessin animé japonais. Mais Sailor Moon a oublié ses pouvoirs à la maison. Elle ne voit rien d'autre venir à l'horizon, elle se relève péniblement. J'ai un peu reculé. Je ne pensais pas avoir autant de force mais Poisse est un petit gabarit. Moi pas. Et la haine donne toutes les forces du monde. Elle ne pleure pas la garce. Je veux qu'elle pleure, je veux qu'elle supplie, je veux qu'elle n'y comprenne rien. Elle est sûre désormais que je vais en rester là. Je la sens relâcher sa vigilance. Je souris méchamment. Elle n'a pas le temps de reprendre les armes (lesquelles remarquez?) que je lui saute dessus sans autre forme de procès cette fois. Je la tiens par les cheveux, tire et la frappe au visage, pour la honte, pour qu'elle voit encore et encore, puis elle s'écroule. Elle essaye de se débattre tant bien que mal mais elle ne fait que des moulinets inutiles dans l'air. Si j'avais l'esprit à, j'aurais ri. Elle est ridicule, vaine et stupide. Elle est à terre et peu m'importe. Elle se protège la tête enfin. Mais elle oublie le ventre et la poitrine. Je la piétine, la fait rouler avec des coups de pied en plein torse. Elle a le souffle coupé. Je vise le foie pour finir, il paraît que c'est un bon coup.
Je m'arrête.
Elle ne bouge plus.
Elle pleure.
Elle ne bouge plus du tout.
Je l'observe.
Elle ouvre un œil encore valide.
Elle ne demande plus rien.
Elle supplie.
J'ai ce que je voulais.
J'appelle le 15 avec son téléphone. Je donne les infos. Je prends une voix éteinte, souffreteuse. Je leur raccroche au nez.
Je pars.
J'ai les mains sales. Il faudra que je pense à me les laver aux toilettes où personne ne va , dans mes toilettes. Derrière le clan de Piment. D'ici là, je marche tranquillement, satisfaite jusqu'au collège, les pognes fourrées au fond de mes poches, enveloppées de mouchoirs. Je reste précautionneuse. Trop de saleté me débecte.
Je respire enfin à pleins poumons.

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