dimanche 17 septembre 2017

Pitayak s'échauffe pour le bouquet fnal

Elle dormira, je ne dormirai pas. Je ne pourrai certainement pas dormir. Je me rends compte de ce que Patate n'a jamais voulu admettre, je la hais de toute mon âme. Je peux lui, j'ai pu lui trouver des circonstances atténuantes, on peut toujours. Mais un jour, l'on décide d'arrêter et d'avoir son avis, quoi que puisse nous rétorquer les meilleurs avocats du monde, on finit par haïr ou mépriser suivant son sentiment dans sa plus pure crudité, celle qu'on a restreinte, bridée encore et encore, pour ne pas juger trop vite. Patate ni moi n'avons jugé trop vite. Nous avons attendu toutes ces années avant qu'aujourd'hui je la haïsse sans remords et sans barrière. Petite Poisse est une plaie, est un de ces êtres qu'on éradiquerait si on était sans merci, sans interdit aucun, sans foi ni loi, vraiment, sans que rien sauf la haine ne fasse sens. Elle mérite de crever seule, cette sale petite conne. Avec ses manières de sage petite fille. Pire que ceux qui ne se cachent pas. Bien pire. Je ne dormirai pas cette nuit, la haine est plus forte que toutes les fatigues. Je tourne en rond dans ma chambre. Je suis rentrée, dans le froid glacial de ce qu'on appelle mon foyer, qui évoque me semble-t-il une certaine chaleur. Je ne parle pas. Personne ne me parle non plus. On ne me demande pas pourquoi je rentre si tard. On ne me nomme plus. Je suis une traître à la nation pour eux. Ils attendent de moi que je fasse marche arrière. Ils attendent de moi que je me soumette. Ils attendent toujours Patate. Encore. Ils croient que Patate n'est pas morte. Ils croient. Qu'ils croient ! Ils s'épuiseront bien avant moi. Je suis comme un lion en cage dans ma chambre, tout en haut de la maison. J'ai essayé de me coucher. Ca ne sert absolument à rien. Je suis de lave et de flammes. Et puis, au fond, je ne veux pas dormir. Je n'en ai aucune envie. Je n'ai qu'une seule envie. Je suis obsédée par cette envie de punir. Petite Poisse va payer. Pour tout. Pour sa sœur, bien sûr, pour Patate, pour les autres à qui elle lance ces regards humiliants et à qui elle n'a pas peur, malgré sa petite tête d'ange, « ce que t'es bête, c'est fou ! ».
La nuit est longue. Je ne me fatigue pas. Je n'éprouve aucun signe de fatigue.
Je me prépare bien avant l'heure, je n'ai envie de croiser personne. Je suis discrète comme un chat. Je garde cela de Patate. Je me fais invisible mais non pour prendre moins de place. Invisible pour mieux bondir et frapper.
Je sors. Il est 6h30. L'air pique le nez, le menton, les yeux pleurent. Mais j'ai chaud de haine. Je suis seule. Je n'ai besoin de personne. C'est cette fois mon combat. Piment ne sera pas de la partie. Une autre fois peut-être. Ma haine est bien trop personnelle pour la partager avec quiconque. J'arrive en bas de chez Petite Poisse Chiche. Je me poste là. Cachée bien entendu. Et j'attends encore. Plus qu'une petite heure avant l'action. Plus qu'une petite heure avant de réparer toutes ces bassesses. Elle n'oubliera jamais.

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