mardi 26 septembre 2017

Ogresse gitane : danse de l'angoisse

La folle gitane poursuit
son ascension
en moi,
fière et dense.
Elle est là,
chaque jour,
elle danse jusqu'à plus soif.
Bientôt,
peut-être,
n'aura-t-elle plus
de frontières.
Elle est libre comme l'air
mais lourde comme le
bitume,
dans mon ventre.
Elle est libre comme jamais
je ne l'ai été.
La gitane sans filtres
qui danse
encore et encore,
devient une star,
redevient,
retrouve sa place au soleil,
et s'emballe
jusqu'à ce que l'après-midi
la prenne
et la couche.
Pas comme toutes les gitanes
flamenca,
celle-là est du matin,
virevoltante
papillonnante
dès les 6 heures
tapantes.
Ce n'est pas une folle de la nuit.
Elle m'obstrue
de jour,
pendant la vie,
la vraie vie,
elle me force à la suivre,
sur scène,
devant des juges implacables,
droits comme des i,
et je ne sais pas
danser.
Je suis sous les feux de la rampe
et je suis comme éléphant en pleine
porcelaine,
je sens le ridicule m'envelopper,
mon corps se raidir,
il s'immobilisera bientôt,
et l'humiliation sera ma
rançon.
La gitane continuera
sans façons
à mes côtés,
sans foi ni loi,
elle me poussera du pied,
autant qu'il le faudra
pour que je tombe
de scène,
sa scène,
roulée en boule,
au pied des juges,
qui souffleront de mépris.
On ne meurt pas du ridicule ?
Bien sûr qu'on meurt de honte
et que le ridicule tue.
Bien sûr qu'il est un terrible danger,
et non,
pas d'histoire stupide comme ce qui ne nous tue
pas
nous rend plus
fort !
Conneries d'optimiste sans gitane.
Vous ignorez la gitane vous qui osez !
Vous ignorez sa danse infernale !
Du matin au presque soir,
au réveil,
au saut du lit.
La gitane est sans limites.
Infinie.
Grandit toute sa vie.
Comme les kangourous roux géants.
Oui exactement pareil.
Elle bondit et boxe
en soi-disant
dansant.
La gitane pourrait me tuer.
Si seulement je restais seule.
Mais j'amènerai mon propre
ballet.
Et elle n'aura qu'à sortir
par les coulisses,
se glisser discrètement
loin des juges
avant qu'ils ne sifflent pour elle.
Mon ballet,
mes partenaires,
loyaux,
et même pas peur de ta Gitane
folle.

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