L’amour de notre époque
Est un
Amour imprévu
Inattendu,
Arrête d’espérer et il viendra tout seul,
Comme si l’amour était
Nécessairement une
Surprise.
Il n’est pas obligé d’être
D’emblée
Flamboyant,
Coup de foudreux,
Incroyable,
Stupéfiant,
Eblouyeur,
Éclabousseux
Et champagnesque.
L’amour de notre siècle
Doit être
Presque
Incroyable,
Croirait-on.
Mais non et renon !
L’amour du drame,
Du merveilleux,
De l’action folle et ultime,
Cette époque soi-disant cynique...
Hein !?
Bien davantage fleur bleue
Et pâquerettes,
Assez écœurantes
Pour moi,
Je dois dire.
Pas si différente que celle des amants
Platoniques
De nos vieils et preux chevaliers
Pourquoi l’amour serait-il
Si
Détonnant ?
Si
Époustouflant ?
Tout le monde s’accorde,
Tacitement
À aimer cet amour ramène-gueule,
Mafioso magicien.
J’ai rêvé cette
Dinguerie
Aussi.
Aussi plaquée,
Imprimée
Que tout un chacun.
Que tous les jeunes
Du moins.
Et puis, j’y ai goûté.
J’ai d’abord fait la fière,
Disant que,
Moi,
Messieurs Mesdames,
Je ne mangeais pas de ce pain-là.
J’ai choisi l’inverse
Pour mieux étouffer mon désir
Honteux.
Honteux,
Pou moi seule,
Il me semblait stupide,
Naïf,
Inadéquat.
Et puis,
J’y ai touché
A cette came-là,
Comme une drogue devant laquelle j’aurais
Résisté
Des années.
J’y ai touché
Et elle m’a fracassée.
Très vite,
J’ai compris que
J’avais toujours eu raison
De lutter contre.
Mais encore fallait-il que je
Sache contre quoi je
Luttais.
Cet amour-là
Que l’on m’avait
Rêvé,
Que je me croyais trop
Lâche pour
Affronter,
A brûlé un bout de mon
Etre.
Non que ce soit un
Mal !
Toute cicatrice prouve que
L’on a grandi.
Mais il a aussi brûlé
Comme diable.
Il a fait surgir la haine
Et le désir de tuer,
L’autre,
Soi,
Les deux.
Le désir de battre à mort.
Il a eu le bienfait
D’expulser la colère.
Enfin.
C’est tout.
Alors,
Aujourd’hui,
Je rêve
Bien sûr,
Beaucoup mieux,
Je rêve du quotidien,
Je rêve de ce qui
Est.
Là.
Qui était prévu.
Qui n’a rien de magique
Et fumeux,
Mais tout de réel
Et profond.
Tu ne prétends être
Aucun bonimenteur,
Ce que tu montres
Sans pudeur soi-disant
Virile.
La plus conne des tares
De la virilité
Exigée,
Messieurs,
Pour être de vrais
Couillus.
Tu es bien plus
Admirable
Quand tu pleures
Sans te cacher sous la rage
Qui larme,
Dit-on.
Jamais larmes sans douleur.
Je rêve de toi
Parce qu’avec toi,
Je vais enfin
Pouvoir
Me laisser
Toucher entière,
Plonger malgré mon vertige
Et mes manies de sons et lumières à tous les coins
De rue,
De pièce,
De fatigue,
Dans les plus noires profondeurs,
Où je n’aurais plus qu’à
Te faire confiance.
Je finirai bien par
Me
Faire confiance.
Tout en douceur,
Un jour comme un autre,
Sans spectacle,
L’impossible adviendra.
Comme toutes les catastrophes
Et tous les miracles.
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