Devant
le miroir,
des
années,
une
étrangère.
Je
me regardais
parfois
de
longues minutes
avant
de
me
détourner
de
la réflexion de mon être,
en
miettes
Vivante
et entière,
mais
toujours
méconnaissable
face au
portrait
propre.
Pas
d'écho en lui
de
toutes ces
saletés
intestines,
pas
de traces,
pas
de brûlures,
pas
de témoins,
faux,
menteur,
immuable
dans ses profondeurs,
inatteignable.
J'aurais
pu le
perforer,
le
trancher,
le
blesser,
pour
que la gueule
cassée
ressemble
au moins
un
peu.
Mais
non, je me suis toujours contentée de regarder.
D'attendre
l'illumination,
en
bonne croyante,
en
humaine espéreuse.
Des
décennies,
disons-le.
Des
éclairs
non
de génie
parfois.
Des
éclairs de
reconnaissance,
brutaux,
silencieux
et
fugaces,
en
cavale,
car
aussitôt vus
aussitôt
fuis.
Rien
de plus.
Puis
un jour,
premier
tonnerre :
je
vois ma mère.
Je
m'ébroue et recommence.
Je
vois la mère,
la
grand-mère,
je
vois les gènes,
mais
je
je
suis
devant
ce
putain de
miroir.
J'envie
Blanche-Neige
qui
ne se confond
pas.
Je
m'appuie sur le lavabo.
Je
tombe des
nues.
Je
ne comprends pas.
Les
jours passent
et
revient la correspondance
sans
cesse.
Je
me fige
encore
et encore.
Et
je finis par
m'habituer,
non
sans regrets
et
rage.
Je
ne ressemble à personne,
ai-je
toujours affirmé fièrement.
La
fille, petite-fille, sœur de ?
Je
ne voyais personne.
Perdue
mais comblée de cet
original.
Juste
cela,
de
n'être que moi-même
sans
révéler d'où je vienne
à
quiconque.
Sans
attaches,
auto-engendrée,
détestée
mais fière,
pour
le moins.
L'habitude
s'est accrochée,
le
reflet ne m'a
plus
gelée.
J'ai
admis,
j'ai
surmonté ma
déception,
mon
dégoût,
d'être
moins
unique,
de
ne pas être mon œuvre,
non
redevable,
à
personne.
Idée
cachée
mais
fixe,
adolescente,
immature,
et
indécrottable.
L'habitude
m'a fait
sourire
au
final.
Bonjour
Maman.
La
surprise maintes fois
répétée
s'est
adoucie.
Et
puis,
Ok
je suis la fille, petite-fille, sœur de.
Ok
je suis un des maillons
de
la chaîne.
Et
survient,
encore
plus imprévisible,
improbable,
attendu
depuis toujours,
soyons
honnête,
le
jour où je me regarde
et
je me reconnais.
C'est
bien moi,
tu
n'es as trompé,
cher
miroir.
Il
ne répond rien,
il
a compris qu'il ne servait de
rien
de
me
secouer
les
puces.
Il
est patient.
Il
tient sa position
coûte
que coûte.
Il
me résiste,
ne
cède pas,
et
ne trahit jamais.
Quand
surgit la reconnaissance,
la
concordance,
le
ton sur ton
tant
désirés,
sûrement
que le miroir sourit
en
son for intérieur.
Moi
aussi.
Je
me reconnais
et
j'aime ce qui me fait
face.
Sûrement
pas mais comme par
magie.
Petit
miracle
pourtant
tremblé
aux
tripes,
quelques
secondes
en
retard.
Il
n'y en a qu'une,
c'est
bien moi,
qui
ressemble à ma mère,
même
à l'exécrée grand-mère
et
non celle
que
j'aurais voulue,
absolue,
inconditionnelle,
souveraine
et pure,
et
qui n'est qu'une
sublime
torture.
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