samedi 16 septembre 2017

Peur de toujours

Réminiscence furieuse,
retour en arrière abrupt,
le haut des cimes,
plus haut que depuis bien longtemps,
tout en haut
où l'on ne se rattrape plus
et où
même si on n'est pas
comme ça,
on a un vertige lourdement
vomisseur.
Le vertige est immense,
il grossit le cœur et l'estomac,
d'autant plus que je recule,
que le vide m'oppresse,
encore aujourd'hui,
plus fort que tout.
Toutes les ficelles
apprises
grâce à l'âge,
le bonheur de vieillir !
N'ont aucun effet sur
ça.
C'est un ça
aussi informe qu'on le nomme.
Je redeviens
cette enfant paniquée,
prête à tout pour que
cela cesse,
soucieuse de sa seule existence.
Aucune dignité n'a plus
cours.
Je suis sur la cime des plus hauts sapins
mais sans Papa Noël
pas de cadeaux à l'approche
sauf la peur.
Je pioche dans toutes les réserves de
courage.
Je sais que c'est là le vrai
courage,
que tout ce que les autres admirent
et distinguent comme
tel,
n'est rien
comparé à ce courage-là de
ne pas sombrer dans l'inconscient
de la peur.
Le courage n'est défini que par
l'unique et seul intéressé.
Ce n'est pas vous qui ne définirez
jamais mon courage.
Ni moi qui ne définirai jamais celui d'un d'entre vous.
Le courage se cache là
où l'on attend le moins,
là où les grandes peurs se terrent.
Je suis
pleine de honte
la petite fille
qui crevait d'humiliation
à savoir
mieux que quiconque
qu'elle se vendait
pour ne pas affronter le vide,
qu'elle paierait des jours et des semaines,
cher,
qu'elle ne ferait que conforter les mépriseurs,
qu'elle nourrirait,
ça elle ne le savait pas encore,
la bête féroce qui grandissait en elle
et tuerait sans
vergogne,
enfin !
quand elle aura été couvée
le temps parfait,
le temps entier.
Je retrouve avec douleur
et surtout
exaspération
cette petite fille
craintive
qui approuve qu'on la méprise,
tant elle voudrait être une autre.
Je balance
pendant des heures
sur les cimes,
j'attends la fin du supplice,
je compte les minutes,
comme au bon vieux temps.
Je suis la gosse
qui continue de se taper la tête
contre les murs de l'angoisse,
comme un bélier fou
mais stupide.
Je la retrouve aussi,
les yeux de l'intérieur écarquillés,
je croyais qu'elle ne reviendrait pas,
elle.
Mais elle réclame son dû,
son issue
que je suis enfin
prête à admettre
ne jamais avoir
débusquée.
La vraie issue,
droite,
debout,
saine.
Les autres n'ouvrent pas
la vraie porte.
Le fond du jardin,
ou la trappe de la cave.
Pas la vraie porte,
jamais.
Alors au travail
maintenant qu'elle est de retour !
Le vrai face à face commence.




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