vendredi 1 novembre 2013

Bébé congénital

Il est là ce bébé congénital.
Il attend
dans les starting blocks depuis trente,
vingt, au moins vingt ans. Il ne perd pas patience.
Il affiche calmement une assurance d'au-delà des lois. Cette confiance sans bornes puisque les derniers remparts ont été abattus
d'un regard
du simple fait qu'il soit lui,
ce bébé monstre.
Il prend la forme qu'il veut,
peaufinant sans relâche ses magies
d'invisible.
Il sait que là réside son poids.
Il ne pèse rien, pas même un gramme.
Nenni, un rien du tout.
Il a pourtant le pouvoir.
Le Pouvoir.
Sans adjectif.
Sans complément.
Le Pouvoir Sec.
Il a beau ne pas disposer de la boîte à idées, matières blanche grise et tout le tintouin,
il sait sa force et
il s'amuse.
Bourgeon sadique, malicieux ? pas assez, maléfique, cynique? beaucoup mieux.
On croit qu'il faut nécessairement un corps pour une intelligence et qu'une âme vit d'elle-même autonome judéo-chrétienne en diable ! libre comme l'air.
Fatale erreur !
Le bébé-congé' est un être sans corps et sans âme parfaitement raisonnable et calculateur, digne d'un politicien avide de preuves de son importance en dépit du nanisme. C'est un napoléon intérieur, un hitler intestin.
Même pas pensable qu'il renonce. Héroïnomane confirmé. Il ne pourra être relégué qu'à moins d'être éliminé. Et voilà bien le trou noir à la place de l'idée d'un éventuel succès d'éradication. C'est là aussi son ineffable puissance :
devenir élément vital,
s'insinuer dans les vingt-quatre heures du jour et de la nuit
un deuxième coeur
une pompe à vivre.
Avec la crèverie dans les entrailles.
Le règne qui rend fou du paradoxe.
Voilà sa monstrueuse aura :
obturer sans bruits sans pompes l'issue d'un monde sans lui.
Bébé congé' infinitésimal,
plante de l'extrême,
cactus au désert,
nénupar au tsunami.
Toujours droit et fier
né du chaos des hommes
(ne mêlons pas à cela les innocentes planètes)
qui ne rompt pas qui jamais ne replie ses tentacules immatériels.
Taupe en mission que personne ne soupçonne,
sauf le policier solitaire,
et qu'il faudra abattre,
sans armes,
sans lames.
A la force de l'espoir.

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