vendredi 1 novembre 2013

Chasse à l'homme

Approche canine
commissures en bave
pas tellement de désir
même si ma nausée n’opère pas la distinction,
d’impatience
de plaisir
d’être ensemble
en famille.
Pas de queue frétillante,
un peu de dignité !
Pas de jappement joyeux,
fierté virile !
Pas de reniflage préalable,
tête haute !
Mais tout ça comme un film devant mes yeux
file et refile
la métaphore
malheureuse.
Je brise ma voix,
à pieds joints de tout mon poids
sur mes paroles en fumée.
J’obture la bouche,
lèvres scellées,
j’en appelle à toutes mes forces vitales
pour tuer dans l’œuf
la rébellion salvatrice.
Cette résistance mortifère
devient ma vie.
Je ne peux rien dire.
J’ai ordre tacite et impensé
de me taire.
Le clébard tout content poursuit sa parade d’accueil
et après circonvolutions de rigueur,
nez à nez.
Je ne sais plus
à ce moment-là,
s’il est canin ou félin.

Je suis proie au piège
et maître barbare.

Phagocytée,
dégustée,
humée,
léchée,
sucée
avalée,
absorbée.
Avant même d’être touchée.
Pirouette cacahuète,
sourire coupable,
et
souveraine
dictatoriale
absolue
capricieuse
sans merci
inique
tranchante.
Le monde ordonné
temps espace
1,2,3,4
se chamboulent.
Je ne suis plus personne
et je joue tous les rôles.
Il est caméléon.
Version multipliée
de l’homme.
Violent,
soumis,
orgueilleux,
loqueteux,
supérieur,
paria.
Je tourbillonne au rythme de nos démasquages déguisements respectifs.
Mes repères agacés malmenés fondent.
Je ne suis qu’un gros savon informe
manipulé
qui a perdu son nord.
La vraie personne est en friches
à force d'apesanteur et paradoxes.

Loin de lui
Dans ton coin
Protège et construis.

De près ou de loin
je reste entraînée
enchaînée
un pied dedans
tachée,
salie,
engrossée
pour toujours.
Je détourne les yeux
de ce côté obscur
dos courbé
lâche
et impuissante
toujours en mouvement
pour stopper net
la germination répugnante.
La pousse est prête
enracinée
dans mon hystérie,
condamnée
d'emblée.

Ne pas laisser grandir.
Atrophier
consciencieusement
jour
après
jour.

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