vendredi 1 novembre 2013

Rouages

Sûre d’avoir tout compris.
J’ai bien trop longtemps réfléchi à cette question que je sais cruciale pour douter de ma compréhension multidimensionnelle. J’y ai pensé, repensé bons jours et mauvais.
Quelle que soit l’humeur,
quelque heure,
soleil ou lune au zénith.
Au fur et à mesure des années, je suis descendue et profondément, osant toujours davantage m’aventurer dans les sous-couches. J’en étais fière, relativement satisfaite. Et en même temps, pas rassasiée puisque le problème avait beau être fouillé décortiqué émondé etc. jusqu’à atteindre son cœur le plus intime, l’épreuve quotidienne demeurait.
Sûre d’avoir tout compris avec mes neurones, fiables ouvriers.
Dévoués.
Malgré le rythme insensé imposé.
Donc je leur en avais voulu à un moment. Mais je me suis fait pardonner cette bévue depuis. Injuste. Et même sachant qu’aucun d’entre eux n’était en cause et que les bureaux centraux fonctionnaient à toutes turbines, je piétinais. Bien entendu, l’agacement a
surgi,
mûri,
pourri.
Maîtrisé pour les besoins de la société.
J’en aurais cassé la gueule à tous les psys et profs de l’univers.
Le haut fourneau se lasse. Il a fait tout ce qui était en son pouvoir. Il a envie de passer
la main,
au suivant,
son tour.
Suffit maintenant.
Un bras de fer s’amorce. Les neurones en plein conflit de loyauté, tiraillés entre marteau et enclume.
Périlleux.
Je ne lâcherai pas le morceau les gars. Peux pas.

Un petit matin comme les autres, il cache bien son jeu celui-là. Je parle de l’avenir, désirs et besoins. Avec plaisir, insouciante. Interlocuteur bienveillant.
Trêve.
Je m’entends à merveille, de haut en bas, larrons en foire. Douceur de cette symbiose. Tout le monde est en accord. Le tiers médiateur fort efficace ma foi cet intrus.
Je n’avais pas l’intention de le mêler à cette sale histoire. Cela ne le regardait pas, je n’en parle pas, c’est décodé. Et puis que pourrait-il m’apporter de plus ? Comprendra pas mieux que moi.
J’ai
déjà tout
compris.
Je
sais déjà
tout.
L’idée apparaît comme un cheveu sur la soupe dans mon déroulement, rien à voir, sur les plans excitants du futur. Mais elle est là, peinturlurée et rhabillée l’idée. Elle est méconnaissable. C’est pourtant elle.
Waouh ! la beauté !
Je l’avais épilée jusqu’au moindre bourgeon absolument lisse de mystère.
Ubiquité de l’idée.
Je croyais la tenir
en joue
toujours sous les yeux
Sous contrôle. Je l’ai sous les yeux et elle se pavane en champ périphérique, robe de soirée, apprêtée et sublime. J’en lâche mon illusion à poil. Je ne l’ai pas laissé faire, à son caprice, je l’ai brimée jusqu’à la moëlle.  Libre de se révéler, elle éblouit enfin telle que je l’ai cherchée derrière tous les buissons, poursuivie, évidente.
Pas de rancœur ni colère ; un énorme courage reconnaissant.
Assise par terre en tailleur, enfant maternel, je lâche prise et l’idée imprévue coquette et codée, pourtant jamais aussi limpide, débute enfin sa danse sacrée. Elle s’enroule et tournoie seule puis s’approche de ses semblables, maîtresse chorégraphe, touchant l’un puis l’autre dans une harmonie désarmante.
Fesses au sol, bras ballants, j’admire et me rhabille. La raison humiliée tourne le dos et se tait.


            Combien de fois a-t-on expérimenté la quête acharnée face à l’angoisse ontologiquement énigmatique, incompréhensible brûlante invisible ? On a relevé ses manches, sacrifié à la besogne, mille fois sur le métier remis l’ouvrage. On a lutté avec ténacité et volonté. Sans perdre le fil. Organisé, carré. On a perdu confiance, un peu cœur aussi. Mais on a persisté. Et c’est un jour parmi ses pairs, apparemment mais sûrement pas ses égaux, que tout s’éclaire au détour d’un échange imprévu. Ce soulagement repus de voir s’élucider la douleur et s’achever le combat qu’on avait admis vain. On est fier, on n’aime rien plus que de savoir et comprendre d’alpha à omega. Mais ce jour-là, peu importe. Le monde est puissant et on s’y soumet délicieusemtent.
Malgré l’erreur.
Malgré la honte embusquée.
Malgré l’honneur d’homme de science bafoué.
On a atteint le but par miracle.
Itinéraire bis serpentant en forêt obscure qu’on n’a pas voulu pu emprunter ? Non. On ne l’a pas même imaginé. Formidable surprise. On se sent les mains pleines
enfin
au fond des paumes
auparavant encombrées.
L’idée à la parfaite mesure et son cortège léger.

Celle pour laquelle on prie au-delà de la logique pour pouvor continuer.

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