Veux pas aller à l'école !
Veux pas sortir !
Rester à la maison Môman !
Peur mon chéri ? Ça va aller, ne t'inquiète pas, sans laisser le temps de répondre.
...
Mais non ça n'ira pas. Il a raison le mioche. Il sait, je sais, nous savons tous qu'une fois dehors, c'est verrouillage, relecture mentale appliquée des ordres et devoirs du bon citoyen, enfant ou pas. Toujours sur le mur d'en face
affiché
en caractères toujours lisibles, qui grossissent si oubli des lunettes, un jour sommeil, qui s'épaississent en brouillard. De vrais experts ophtalmo derrière les briques rouges
sympathiques.
Qui scannent minutieusement, ce serait le comble pour un scanner me direz-vous, l'état oculo-visio-truc du moment. Ça veut bien dire, ça, qu'il ne doit pas être épais ce mur. Des petites briques impressionnantes, proprement maçonnées. En fait, on s'imagine le bout du monde, le fond de l'horizon, rempli de briques et briquettes. Dix centimètre d'épaisseur et toute la fine équipe d'enquêteurs dans leur camionnette banalisée avec toutes les machines bip bup biiiiip. En tout cas, quoi qu'on fabrique, où qu'on balade nos fesses, le règlement se dresse et impose sa tyrannie. Et précisément,
douce ironie,, de la
il dictature pour interdire la tyrannie. Personnellement, ça me paraît louche comme raisonnement. Même si je l'admets parce que j'ai constaté qu'en général, ça valait mieux que le reste. Mais je n'apprécie pas ces méthodes à la 84. Ça paraît peut-être fou après ce que je viens de dire, mais je me sens,
comme
surveillée
quand même. Je n'en dirai pas plus.
J'ai un peu discuté avec le mioche. Il a sauté sur l'occasion. Lui, d'après ce que j'ai compris, c'est plutôt à du béton armé qu'il doit se soumettre. C'est rude tout de même. Je lui ai fait miroiter les briques, ça viendra p'tit loup. Pas du t'inquiète pas maternel. Je conçois qu'il se préoccupe. Franchement, ça fait prison son histoire.. Plus on grandit, plus le monde rapetisse. C'est une des grandes conquêtes de l'adulte. Proportions enfin sensées.
Et puis, il m'a bien expliqué aussi, il s'est peu à peu senti en confiance, que l'écriture n'était pas toujours claire. Ça m'a semblé très surprenant.
Et puis finalement moins.
Il dit que parfois le début des sentences (un peu étrange quand même, ce sont des vagues avec ce petit-là. -Bizarre ! -Ah non ok je comprends mieux ! -Eh... Mais pourquoi tu dis ça maintenant ? Merde alors, j'avais pigé ! Bref, le gamin qui a tendance à vous mettre en rogne à force de vous ballotter d'étonnements en calmes plats), des sentences
(oui madame)
qui commencent (un poète à un mètre du sol,
oui madame)
bien sculptées, avec doigté et netteté (bouche pincée en cul de poule,
bien entendu).
Puis, elles se floutent pour me laisser dans le doute (il tâtonne l'artiste en herbe.
Montrez-vous indulgents.)
Je ne connais pas la fin et je reste sur ma faim (assez mauvais,
n'est-ce-pas ?)
Maman m'a dit c'est le lot des enfants. Tu comprendras plus tard. A ton âge, on ne finit pas les phrases. J'ai dû mâcher et remâcher cette injonction.
En attendant, je ne suis pas rassurée pour le mioche de cinq ans qui s'exprime comme un vieil intello en foulard Hermès. Mais la môman n'est pas inquiète, voilà l'essentiel.
Revenons-en à nos constructions sévères et insolites puisque c'était bien là l'objet de notre réflexion. Je continue toute seule parce que
le pauvre,
le gros œuvre n'est même pas terminé pour lui.
J'ai complètement oublié ça moi dis donc...
Bon donc on est dit libre et potentiellement exceptionnel. Laissez-moi rire ! Représentez-vous la chose : comment voulez-vous parvenir au formidable sans défoncer le mur ? Sans être un délinquant en somme. Et tout le monde, moi la première, ne peut pas être un délinquant.
Il y a bien un moyen a explorer lus avant. Je n'ai pas voulu m'y plier jusqu'à présent mais c'est sans doute finalement une solution. Le mur. C'est un mastoc. Je ne m'évertue plus à l'ébranler. Viser les interstices et louvoyer. Il n'aura pas le temps de se retourner. Essayez donc !
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