mercredi 6 novembre 2013

Chaîne alimentaire

Le silence qui s'ensuit
pétrifie
l'atmosphère.
Je les regarde
tour
à
tour
me prends pour une girouette
non pas légère volage
par-ci par-là.
Qui ne sait plus où souffle le vent
s'il y en a jamais eu d'ailleurs
dans ce monde-là.
J'ai certainement traversé
une paroi incognito indolore
et fantastique.
Ici sens dessus dessous
Sans devant ni derrière.
Jamais venue ici.
Jamais touché à ça.
Alors bien sûr, elle est girouette,
mécaniquement,
Qui fait quoi comment pourquoi ?
Possible ?
C'est la panique.

'Ta gueule Maman ! Tu comprends rien.'
Lourd choc de mon corps en compote
contre,
pas le sol,
contre une sous-couche de la Terre dure mère en vrac
qui rebondit pourtant.
A l'appui de cette exclamation vénéneuse,
Pffffffff qui siffle les yeux au ciel
(Je suis un instant ce souffle-là, croyant à un repère. Un autre leurre en réalité qui s'abat sèchement dans le vide. Bien avancée. Éprise de ma gigue acrobate.)
La seule qui bouge, c'est moi.
Respiration hachée.
Mais c'est moi qui comprends rien !
Aucune parole.
Aucune prière.
Aucune promesse
de vengeance ou autre, même.
Aucune malédiction.
Pas d'éruption en vue,
à part la mienne,
solitaire,
celle qui a fissuré mes tables de Loi.
La mère est impassible.
A hausse les épaules.
A haussé
les
épaules
...
Elle a replié ses pavillons auriculaires,
les nettoyer de l'affront,
si c'en est un,
je n'ai toujours pas saisi.
(Peut-être qu'il s'agit juste d'une mesure d'hygiène précisément à ce moment-là.)
Elle est entière, tranquille, égalé à elle-même.
Moi, je la vois détruite, foulée aux pieds, ricanée.
Et envolé la coupable.
Tiens,
y a-t-il un coupable ? Pas ici-bas non non.
Je cherche, relativement désespérée avouons-le, les frontières de l'univers où j'ai été
propulsée.
Ça glisse au pays démerveille
désillusionne,
démissionne,
déséquilibre la sensible balance de mon quotidien
funambule, alcoolique bringuebalant.
Alors bien sûr pirouette
je suis changée girouette.
Je me prends
pour l'une
pour l'autre
pour moi
pour le Terre mère
et je sens monter la lave
sans merci
dans mon œsophage en spasmes.
Et je l'aurais bien chassée
jusqu'aux confins de l'étant,
qu'elle ne trouve plus aucun abri
nulle part personne.
Sur la route.
Cette petite garce qui a osé défier l'Ordre des Choses
et tous nous faire tanguer avec.
Je l'aurais bien attacher hargneusement à sa falaise ,
mérite pas mieux que Prométhée
le traître
voleur
bolchévique
sans qui je ne serais qu'un singe dans l'immense faune.
Bien sûr qu'un poids
a cédé dans ma poitrine quand elle a blasphémé
mis le feu aux poudres des générations.
Soulagée au fond de mes talons
de n'avoir plus rêver cette scène,
à m'y voir moi
matricide honteuse toute-puissante
rayée de la surface par la jouissance de mon pouvoir sans limites.
J'avais bien essayé en vain.
Voilà qu'elle a craché
l'acte sauvage qui me brûlait les lèvres.
Je l'adore de sa prouesse.
Je suis une lâche ?
Sans aucun doute.
Et présentement, c'est un bonheur.
Elle est mon héroïne
et l'ultime exterminatrice des règles régulières.
J'aurais été avec plaisir une amazone sans vergogne.
Elle est parfaite dans ma tête
et qu'elle y reste  cette folle au galop !
Je la perdrais la tête si elle pensait les rênes.
Le crâne en bilboquet,
assise dans un berceau,
Aliénée parmi d'autres dans un somptueux jardin aux apaisants parfums.
Alors Madame H. ? Comment ça va aujourd'hui ? Toujours pas descendue ?
Elle serait marrante celle-là ! Par où veux-tu que descendre quand on est girouette ? Sans pieds sans ailes et sans cervelle. On voit qu'elle n'a jamais tenté (bougon).
Je les adule encore ces aventuriers-là.
Les vrais fous sont bien eux,
à provoquer les dieux, la Terre, la mère et l'ours blanc.
Ils se jettent sciemment
dans la grande gueule du loup.
Il ouvre la mâchoire jusqu'à la décrocher,
et engloutit presto
maman et les petits.

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