Je
sens le poids des souvenirs m'alourdir.
Je
sens les souvenirs d'une autre être les miens.
Je
sens que je me regarde être
aussi
une autre et son histoire.
Je
suis retournée sur moi-même comme une paire de
chaussettes
propres,
prêtes
à ranger.
Pourtant,
je
me sens sale,
plus
sale que jamais Patate ne s'est sentie.
Mon
cœur va se décrocher,
impuissant,
insensé
désormais,
et
il
me
sortira par tous les trous.
Je
serai une sans-coeur,
je
vivrai ?
Je
vivrai,
tout
est possible.
No
future pour l'instant.
Obèse
d'une tonne de nouveaux souvenirs,
je
revois la vieille dame,
inconnue,
une
photo,
une
histoire abracadabrante,
je
m'y vois,
je
suis aussi vieille qu'elle,
peut-être
aussi morte.
Je
dégueule d'images et de bruits,
un
vrai son et lumière
de
la tête aux pieds.
Je
suis une autre,
que
j'ai toujours été.
Je
deviens une inconnue
que
je réincarne.
Je
suis double ou doublement la même.
Je
suis deux pour un seul corps,
siamoises
déguisées.
Je
suis un agent
double.
Je
me sens me liquéfier,
Je
dois me vider
mais
je ne suis déjà plus
qu'un
tas.
Un
monceau d'histoires à devenir
folle,
encore
plus folle.
Je
regrette presque Patate,
sur
terre,
au
moins,
mais
non !
Conneries !
Bullshit !
Patate
était déjà double, triple, myriade
insupportable,
grouillante,
indomptable.
Je
suis figée en ce moment,
sans
retour possible,
sans
avenir imaginable.
Figée
en ce point du monde
de
l'Histoire,
entre
tous les temps,
impossible
et
plus réelle que jamais.
Je
tourne dans une spirale
intersidérale,
je
hais l'espace et les astronautes,
je
comprends désormais
pourquoi.
Je
suis recroquevillée sur moi-même,
je
sens absolument tout,
et
suis parfaitement vide.
Énorme
et creuse.
Papa
entre dans la chambre. Comme par magie. Il se précipite vers moi. Me
serre aussi fort qu'il le peut dans ses longs bras d'habitude timides
et pudiques. J'ai l'impression d'être une autiste qu'on sort de
crise. Je me réintègre lovée dans ce grand corps qui sait déjà,
sans doute, depuis longtemps. Je redeviens la petite fille, une autre
petite fille, la nouvelle petite fille. Toute l'histoire est à
refaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire